Avant l’introduction des caractères chinois, qui commence au Ve siècle, le japonais ne possédait pas d’écriture. Jusqu’au XIIe siècle, les lettrés écrivaient en chinois, qui jouait donc un rôle similaire à celui du latin en Europe. Les caractères chinois, accompagnés de leur prononciation adaptée à la phonétique japonaise, furent importés en plusieurs étapes et à partir de différentes régions de la Chine (notamment du Sud). Cela explique qu’un même caractère puisse parfois avoir plusieurs prononciations chinoises (ou lecture ON). Le mot 下 (xià en chinois moderne), par exemple, se prononce à la fois ka et ge en japonais. Par contre les mots suivants n’ont qu’une seule lecture ON en japonais : 山 (shān en chinois) devient san et 手 (shǒu en chinois) devient shu en japonais. Avec un peu de pratique, le lien de parenté entre la prononciation chinoise et la lecture japonaise ON est souvent évident.
Au moment de l’introduction des caractères chinois (appelés hànzi en chinois et kanji en japonais), il existait évidemment des mots japonais équivalents. La montagne s’appelait par exemple yama. Le caractère 山, a donc aussi une prononciation purement japonaise (ou lecture kun). C’est pourquoi les caractères japonais ont généralement deux prononciations et souvent plus.
Si les mots du chinois sont invariables, ceux du japonais peuvent s’accorder, se conjuguer, etc.. Pour transcrire les terminaisons, particules et certains autres mots du japonais, les caractères chinois se révèlent donc insuffisants. On doit alors faire appel à une autre série de caractères à valeur purement phonétique : les kana. Ces caractères syllabiques, dérivés de caractères chinois, ont été introduits au IXe siècle. Il existe aujourd’hui deux jeux de 47 caractères kana : les hiragana et les katakana (ces derniers étant employés principalement pour noter les mots étrangers modernes). Ainsi dans l’expression 人の手だ (hito no te da : c’est la main de l’homme), le caractère の, particule indiquant l’appartenance, et le verbe だ conjugué au présent s’écrivent sous forme de syllabe hiragana.
土 |
水 |
石 |
川 |
山 |
terre |
eau |
roche |
rivière |
montagne |
人 |
口 |
目 |
足 |
手 |
homme |
bouche |
œil |
pied |
main |
大 |
小 |
中 |
下 |
上 |
grand |
petit |
milieu |
bas, dessous |
haut, dessus |
花 |
竹 |
森 |
林 |
木 |
fleur |
bambou |
forêt |
bois, bosquet |
bois, arbre |
明 |
文 |
外 |
内 |
里 |
lumineux |
écriture |
extérieur |
intérieur |
dedans |
(Ces 25 caractères sont disponibles sous forme de cartes.)
À l’aide des tableaux de caractères sino-japonais, il est facile de comprendre l’origine de certains mots désignant divers lieux, personnages et entreprises du Japon, ainsi que celle de quelques mots japonais utilisés en français.
Le Japon s’appelle Nihon (日本), c’est à dire le soleil levant. L’île de Hokkaidō (北海道) est la voie de la mer du Nord, alors que Honshū (本州) est l’île principale, Kyūshū (九州) l’île des neuf territoires et Shikoku (四国) l’île des quatre pays. Tōkyō (東京) était à l’origine la capitale de l’est et Kyōto (京都) la capitale tout court. La première ville se trouve dans le Kantō (関東) ou porte de l’est, et la seconde dans le Kansai (関西) ou porte de l’ouest. Chūgoku (中国) est en même temps le nom d’une région centrale de l’île de Honshû et le nom japonais de la Chine. C’est à Shimonoseki (下関) ou porte du bas que fut signé le traité de paix entre le Japon et la Chine en 1895. Akashi (明石) ou roche brillante est une ville du Kansai, et Shimoda (下田) ou champ du bas est le port où se termine l’histoire de la danseuse d’Izu écrite par le prix Nobel Kawabata Yasunari.
Les entreprises japonaises portent généralement le nom d’une ville ou d’une personne. Hitachi (日立) est la ville où le soleil se lève, Matsuda ou Mazda (松田) est le champ de pins, Yamamoto (山本) le pied de la montagne et Matsushita (松下) le pied du pin.
Parmi les noms de famille japonais les plus connus, on relève Tanaka (田中), Yamamoto (山本), Yamaguchi (山口), Yamada (山田), Ueda (上田), Nakamura (中村), ainsi que Morikawa (森川), Ishikawa (石川) et Takeuchi (竹内). Que voulaient dire ces noms à l’origine?
Kamikaze, shintō et karate sont des mots japonais qui possèdent un point commun. Le kamikaze est le vent des dieux (神風), qui sauva jadis le Japon de l’invasion mongole, tandis que le shintō, culte principal du pays, est la voie des dieux (神道). Quant au karate (ou karatedō), c’est la voie de la main vide (空手道). Les amateurs d’arts martiaux sont d’ailleurs familiers avec les mots : 上,下,中,外,内,足,手 (voir le tableau précédent).
Une connaissance élémentaire des caractères chinois facilite énormément l’étude du japonais. Si vous décidez un jour d’apprendre cette langue, votre cours de chinois vous aura été doublement utile.
Lisez les mots suivants?
すきやき、てんぷら、すし、さしみ、とうふ、わさび
きもの、ゆかた、げた
おりがみ、ぼんさい、いけばな
かみかぜ、はらきり、ばんざい
からてどう、ひだり、みぎ、ぶしどう
たたみ、ふとん、ふろ
ひろしま、ながの、ながさき、よこはま、ぎんざ