Ce chapitre s’intitule « Les données chronologiques » parce que nous
y étudierons l’évolution dans le temps des valeurs que peuvent prendre
des variables.
Les données chronologiques sont particulièrement utilisées en économie, en démographie et, naturellement, en histoire. Mais toutes les disciplines des sciences humaines y ont recours, ne serait-ce que parce que le passé éclaire généralement le présent et permet d’entrevoir l’avenir.
Manipuler des données chronologiques peut sembler particulièrement simple, mais là encore, il est essentiel d’acquérir quelques techniques de base et de procéder avec méthode. Une fois muni des outils appropriés, l’étudiant — ou le bon journaliste — pourra non seulement mieux lire dans le passé, mais il sera également en mesure de communiquer les informations trouvées de façon claire et efficace.
Au terme de ce chapitre, vous devriez être en mesure de répondre aux questions suivantes :
Comment peut-on mesurer la vitesse à laquelle les valeurs d’une variable augmentent ou diminuent avec le temps?
Comment, connaissant cette vitesse et la valeur de départ, peut-on déterminer la valeur d’arrivée de cette variable?
Comment, connaissant cette vitesse et la valeur d’arrivée, peut-on déterminer la valeur de départ de cette variable?
Comment notre méconnaissance des indices de variation peut-elle provoquer de grossières erreurs de raisonnement et de mesure?
Comment peut-on suivre sur une longue période de temps, l’évolution des valeurs prises par une variable en éliminant ses variations périodiques et récurrentes?
1. LE TAUX DE VARIATION
Reportons-nous à la mi-août 1995, en Amérique latine. Alors que la
récolte de café est amorcée depuis quelques semaines, les autorités
brésiliennes doivent se rendre à l’évidence : la production de café
ne dépassera pas les 10 millions de sacs pour la campagne de 1995-96.
Dès l’année précédente, alors que les zones productrices étaient touchées
par un hiver austral particulièrement rigoureux (gelées de juin et
sécheresse de juillet) le Brésil, premier exportateur mondial s’attendait
à une réduction dramatique de sa production pour la récolte suivante.
On prévoyait alors pour 1995-96 une production de 12,7 à 14,8 millions
de sacs. Maintenant que les grains sont arrivés à maturité, on constate
que la production sera encore plus faible que prévu. À titre
de comparaison, la campagne précédente (récolte 1994-95) avait permis
de récolter 25 millions de sacs. (Notons qu’un sac de café contient officiellement
60 kilogrammes de ces précieux grains.)
Comme de nombreux journaux, le Listin Diario de Santo Domingo
du 14 août 1995 publie la nouvelle dans ses pages économiques. Pour
rédiger son article, le journaliste s’inspire largement du texte envoyé
par l’agence de presse brésilienne. Après tout, un journal, ça paraît…
tous les jours : il faut donc être rapide et efficace. Il ne reste
plus qu’à trouver un titre concis et accrocheur, un titre qui fasse
ressortir en peu de mots les principaux éléments d’information (quoi?
où? quand? et combien?). Le Listin titre : « La production de
café du Brésil diminuera cette année de 60 %. » Tout est dit, ou presque.
Il ne reste plus qu’à savoir pourquoi, et pour cela on est obligé
de lire l’article lui-même.
1.1. Tout est dit en un seul chiffre : le taux de variation
Ce qui nous intéresse ici, c’est le chiffre de –60 %, qui résume à
peu près toute l’information quantifiable. Le journaliste, parmi tous
les chiffres dont il disposait, en a extrait les deux principaux :
25 millions de sacs l’année précédente et 10 millions l’année en cours. Mais,
deux chiffres c’était encore un de trop pour lui. Il combine alors
ces deux chiffres en un seul : –60 %. Ses connaissances en méthodes
quantitatives complètent avantageusement ses compétences journalistiques.
Le taux de variation mesure l’évolution relative de la
valeur d’une variable dans le temps.
Le chiffre de –60 % s’appelle un taux de variation. Il est obtenu
en comparant deux données : la production de l’an dernier et la production
de cette année. Ces données ont une caractéristique commune : elles
sont exprimées dans la même unité (des millions de sacs de
60 kg). Par contre, ces données viennent de deux périodes différentes
(l’an dernier et cette année). En somme, le taux de variation mesure
ici l’évolution de la valeur d’une variable dans le temps.
Comment calcule-t-on le taux de variation?
La comparaison la plus simple consiste à mesurer l’écart absolu
entre le point de départ et le point d’arrivée. Ici, l’écart est de
(10 – 25) = –15. On peut dire aussi que la production baisse
de 15 unités. Cependant, le seul chiffre de –15 ne veut pas dire grand-chose si on ne connaît pas le point de départ. En effet, si, par exemple,
la production était passée de 3015 à 3000, il n’y aurait pas eu de
quoi fouetter un chat. Mais dans le cas présent, la baisse de 15 représente
plus de la moitié de la récolte initiale. Pour interpréter la différence
entre le point de départ et le point d’arrivée, on ne peut se contenter
de l’écart absolu. Il faut calculer l’écart relatif. On a perdu
15 unités sur les 25 unités initiales : l’écart relatif ou taux de
variation est de –15/25 = –0,6 = –60 %.
Taux de variation = (Valeur finale – Valeur initiale)/Valeur initiale
Taux de variation = (F – I)/I
Le taux de variation s’exprime généralement sous forme de
pourcentage, mais il ne s’agit là que d’un habillage commode.
Notons que, dans le paragraphe précédent, nous avons fourni deux réponses :
–0,6 et –60 %. Il s’agit bien sûr du même chiffre, présenté sous deux
habillages différents. Dans le même ordre d’idées, on peut dire que
0,60 $ équivalent à 60 cents (ou centièmes). Lorsque vous devez interpréter
un chiffre, ne vous fiez pas à la forme qu’il prend, mais bien sûr
la réalité qu’il recouvre. Comparons les deux informations suivantes :
le Brésil produit 24 % de la récolte mondiale de café; la récolte brésilienne
de café a baissé de 60 % cette année. Dans le premier
cas, il s’agit d’une proportion (la partie divisée par le tout :
voir le chapitre 2). Dans le second cas, il s’agit d’un taux de
variation. Nous avons affaire à deux concepts différents
déguisés sous le même habit. Étant donné que les pourcentages
sont presque exclusivement utilisés pour ces deux concepts, il vaut
vraiment la peine de les distinguer clairement.
1.2. Un taux de variation positif : le taux de croissance
Le prix des droits exclusifs de diffusion des Jeux Olympiques a connu
une croissance ininterrompue et considérable depuis 1960. La vénérable
chaîne CBS obtenait ces droits à Rome (en 1960) pour la bagatelle
de 400 000 $. Quatre ans plus tard, à Tokyo, c’était au tour de la
non moins vénérable NBC. En 1968, à Mexico, cette dernière se faisait
damer le pion par son jeune rejeton, la chaîne ABC. Depuis, la
féroce concurrence entre les deux sœurs ennemies a fait monter les
enchères : 401 millions en 1992 pour Barcelone, et 456 millions en 1996
pour Atlanta (la patrie de Coca-Cola, est-ce vraiment une coïncidence?)
Si nous appliquons la formule que nous avons énoncée un peu plus haut,
nous pouvons affirmer que le prix des droits a augmenté de 13,7 %
entre les Jeux de Barcelone et ceux d’Atlanta. En effet, (456 – 401)/401 = 55/401 = 0,137 = 13,7 %. Ce chiffre de 13,7 % représente
le taux de variation ou taux de croissance. Cette dernière
appellation est la plus courante lorsque l’on s’attend à voir une
valeur augmenter d’une période à l’autre. Et si, par malheur, la variable
se met soudain à baisser, on parlera, non sans un certain culot, de
« croissance négative ».
La hausse vertigineuse des droits de diffusion s’est poursuivie de plus belle dans les décennies suivantes. NBC, qui avait versé 4,38 milliards de dollars pour s’assurer l’exclusivité sur le territoire américain des Jeux olympiques de 2014 (Sotchi), 2016 (Rio de Janeiro), 2018 (Pyeongchang) et 2020 (Tokyo), débourse ensuite un montant supplémentaire de 7,65 milliards pour obtenir une rallonge de 12 ans, jusqu’en 2032.
1.3. Trouver le point d’arrivée grâce au taux de variation
Parfois, l’information fournie est incomplète : on possède le point
de départ et le taux de variation, mais on voudrait bien connaître
le point d’arrivée. Par exemple, sachant que le prix des droits de
diffusion a augmenté de 56,8 % entre les Jeux d’Atlanta (où ils coûtaient
456 millions de $) et les Jeux de Sydney, quel est le prix des droits
pour les Jeux de Sydney en l’an 2000? Nous utiliserons la formule
suivante, qui est adaptée de la formule du taux de variation énoncée
un peu plus haut.
Valeur finale = Valeur initiale + (Valeur initiale × Taux
de variation)
F = I + (I × Taux de variation)
Dans notre cas, la valeur finale est de :
456 + (456 × 56,8/100) = 715
ou encore, présenté de façon moins habituelle, mais plus pratique :
456 + (456 × 0,568) = 715
N’oublions pas que les trois expressions suivantes : 56,8 %; 56,8/100
et 0,568 ont la même valeur, même si elles sont présentées différemment.
Nous vous recommandons d’utiliser la forme décimale (0,568) pour vos
calculs et le pourcentage (56,8 %) pour présenter les données au public.
Au fait, que pensez-vous de la variante suivante? Qui sait, elle pourrait nous servir bientôt.
456 × 1,568 = 715
Quel degré de précision doit-on adopter?
Le plus souvent, on se contente de présenter les taux de variation
avec tout au plus un chiffre après la virgule lorsqu’ils sont sous
forme de pourcentage. Dans ce cas, il faut donc conserver 3 chiffres
après la virgule lorsque le taux est sous forme décimale. On aura
ainsi 56,8 % (un chiffre après la virgule) et 0,568 (3 chiffres).
On dira par exemple qu’en Chine le taux de croissance annuelle de
la population chinoise est de 1,4 % (entre 1985 et 1990) et le taux
d’inflation de 7,4 % (en 1980). Par contre, on se contentera d’affirmer
que les recettes budgétaires de l’État ont baissé de 20 % (en 1990*). Ce dernier chiffre est suffisamment élevé,
et les méthodes comptables suffisamment floues, pour qu’on ne s’embarrasse
pas de précision inutile. Remarquez aussi le chiffre de –60 % pour
la production de café brésilienne : comme la récolte n’est pas terminée,
il serait mal venu de donner des chiffres plus précis qui n’intéresseraient
d’ailleurs pas les lecteurs. Enfin, vous pouvez facilement vérifier que toutes
les données mentionnées ci-dessus sont des taux de variation.
EXERCICES 1
1. Avancer lentement, c’est parfois reculer
a) Le tableau ci-dessous indique la répartition de la population canadienne
selon la langue maternelle lors des recensements de 1951, 1991 et 2011.
Calculez le taux de variation des effectifs des trois communautés entre 1951 et 1991, puis entre 1991 et 2011.
b) En 1951, il y avait dans les Provinces maritimes 235 000 francophones.
Au cours des 40 années suivantes, le nombre de francophones augmentait
de 23 %. Combien y avait-il de francophones en 1991?
c) Les trois groupes linguistiques bénéficient d’un taux de croissance
positif. Mais qu’en est-il des proportions de ces trois groupes? Ont-elles
diminué ou augmenté?
2. La vie est courte, mais de moins en moins
a) En 1931, l’espérance de vie à la naissance était, au Canada, de 62,1
ans pour les femmes et de 60 ans pour les hommes. En 1991, les chiffres
étaient respectivement de 80,6 et 74. Calculez le taux de croissance
de l’espérance de vie pour les femmes et les hommes entre 1931 et 1991.
b) En 2007-2009, l’espérance de vie était passée à 83,3 ans pour les femmes et 78,8 ans pour les hommes. Calculez le taux de croissance de l’espérance de vie pour les femmes et les hommes entre 1991 et 2007-2009.
2. L’INDICE DE VARIATION
Si vous avez bien compris la section qui précède, vous avez compris
l’essentiel. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour nous arrêter
là. Car c’est une fois que l’essentiel est atteint que la vie commence à être vraiment intéressante*.
Nous vous posons donc un défi sous la forme d’une double colle.
Colle nº 1
Sachant que la récolte brésilienne de café a baissé de 60 % pour atteindre
10 millions de sacs, et en admettant que vous ayez oublié la valeur
de la récolte initiale, êtes-vous capable de retrouver la valeur de
cette même récolte initiale?
Colle nº 2
Sachant que le prix des droits de diffusion pour les Jeux Olympiques
a augmenté de 33,7 % entre Séoul (1988) et Barcelone (1992), où ils
ont atteint 401 millions de dollars, quel était le prix des droits
à Séoul?
Notons que les deux colles sont basées sur un problème similaire :
nous savons ajouter un taux de variation à un point de départ pour
trouver le point d’arrivée, mais savons-nous faire le chemin inverse?
Sommes-nous capables de reconstituer le point de départ à l’aide du
point d’arrivée et du taux de variation? Finalement, la seule différence
entre les deux colles que nous vous proposons est que vous ne pouvez
pas tricher avec la deuxième.
Prenons d’abord la colle nº 1 et essayons de nous enfoncer dans une
impasse. C’est d’ailleurs le meilleur moyen d’apprendre. Toute personne
soi-disant sensée serait tentée de faire le petit calcul suivant : la récolte
actuelle est de 10, j’y ajoute 60 % pour retrouver la récolte initiale,
et ça me donne en tout 16 (10 + [60 % × 10]) = 10 + 6 = 16. C’est
très simple, malheureusement c’est entièrement faux : nous savons que
la récolte initiale était de 25 et non de 16. Notre petit calcul a
une faille (sur le plan purement logique et non mathématique). Savez-vous
laquelle?
En espérant que vous avez pris le temps de chercher avant de changer
de paragraphe, nous allons vous indiquer la source de l’erreur. On
ne peut pas ajouter 60 % à la récolte actuelle, car ces 60 % concernent
la récolte initiale. Si nous savions que la récolte initiale est de
25, nous pourrions calculer les 60 % qui nous intéressent (60 % ×
25 = 15). Nous saurions alors que la production a baissé de 15 (et
non pas de 6) et, puisque nous sommes rendus à 10, nous pouvons en
déduire que nous sommes partis de 25. Si nous connaissions la récolte
initiale, il nous serait facile de résoudre le problème, mais justement,
nous ne connaissons pas cette donnée clé : nous la cherchons!
C’est le problème du chien qui court après sa queue. Pour savoir comment
le résoudre, vous allez être obligé de lire le reste de cette section.
Mais rien ne vous empêche de poser votre manuel pendant quelques minutes
(quelques heures?) et de découvrir vous-même la formule magique.
2.1. Pour ajouter un taux de variation : une manière rapide et surtout…
réversible
Supposons que l’on veuille ajouter un certain pourcentage (mettons
10 %) à un chiffre (mettons 200 $), quelle que soit la raison. Il
y a deux manières de procéder. La manière conventionnelle consiste
à multiplier le chiffre par le pourcentage et à ajouter le résultat
au chiffre initial :
200 $ + (200 $ × 10 %) = 200 $ + 20 $ = 220 $
ou encore :
200 $ + (200 $ × 0,10) = 200 $ + 20 $ = 220 $
Nous avons présenté cette formule un peu plus haut, et tous les écoliers la connaissent.
Voici une autre façon d’arriver au même résultat:
200 $ × 1,10 = 220 $
L’indice de variation est le rapport entre la valeur
finale et la valeur initiale d’une variable.
Lorsqu’on multiplie un nombre par 1, on ne le change pas : son taux
de variation est nul. On voit ici qu’en multipliant le nombre par
1,10, on ne fait que lui ajouter 10 % (ou 0,10) de sa valeur : on ajoute
10 cents à chaque dollar. Dans le même ordre d’idée, on ajouterait
12 % en multipliant le nombre par 1,12 et 20 % en le multipliant par
1,20. Ce multiplicateur s’appelle indice de variation (ou facteur
de variation).
Quel est l’intérêt de cette deuxième méthode, à part le fait qu’elle
est nouvelle (et donc suspecte!)? C’est tout simplement que cette
méthode est réversible. Essayons de partir du chiffre final (220 $)
pour retrouver le chiffre initial. Il est clair que nous ne pouvons
ôter 10 % à 220 $, car cela nous donnerait : 220 $ – 22 $ = 198 $.
La réponse est fausse parce que ce n’est pas à 220 $ que se rapportent
les 10 %. Par contre, si nous utilisons notre nouvelle méthode en l’appliquant à l’envers,
nous pourrions retrouver le chiffre initial : puisque nous avons multiplié
200 par 1,10 pour lui ajouter 10 %, nous allons diviser le
résultat final par 1,10 pour revenir au point de départ :
220 $/1,10 = 200 $
Pour ajouter un taux de variation à un nombre, on multiplie le nombre
par l’indice de variation correspondant. Pour revenir au point de
départ, on divise le résultat final par l’indice de variation. L’indice
de variation n’est autre que le taux de variation auquel on ajoute
1.
Valeur finale = Valeur initiale × Indice de variation
Valeur initiale = Valeur finale/Indice de variation
Indice de variation = 1 + Taux de variation
Taux de variation = Indice de variation – 1
Il est temps maintenant de résoudre les deux colles proposées au début
de la section. Dans le premier cas, le taux de variation est de –60 % : l’indice de variation est donc égal à 1 + –0,60 = 0,40 (ou 0,4)
Les droits de diffusion télévisés pour les Jeux Olympiques étaient
donc de 300 millions à Séoul et de 401 millions aux Jeux suivants
(à Barcelone). Il est d’ailleurs facile de vérifier que (401 – 300)
/ 300 = 33,7 %.
Si cette méthode vous paraît nouvelle, sachez que vous l’avez sans
doute déjà utilisée bien des fois sans le savoir. Ajouter 100 %, c’est
comme multiplier par 2, n’est-ce pas? Le nombre 2 n’est que
le facteur de variation correspondant au taux de variation de 100 % (car 1 + 100 % = 2). Et pour revenir en arrière, vous divisez par
2, vous enlevez la moitié, vous ôtez 50 %.
Une erreur à ne pas faire.
Un de nos amis prétend qu’il est plus facile de perdre du poids que
d’en gagner et voici sa démonstration : après avoir grossi de 33,3 % (son poids étant passé de 60 à 80 kg, soit une hausse de 20/60),
il lui a suffi de maigrir de 25 % (20 kg divisés par 80) pour retrouver son
poids initial. Compte tenu de ce que nous venons de voir, il ne faut
pas s’étonner que 33,3 % de 60 kg soient égaux à 25 % de 80 kg. Le
taux de variation représente un écart relatif entre deux moments
dans le temps : tout dépend du côté où on se place pour observer les
choses.
C’est pour la même raison que lorsque le dollar canadien vaut 0,75
$US, on constate que le dollar américain vaut 1,33 $CAN. L’écart relatif
entre 0,75 et 1 est en effet le même qu’entre 1 et 1,33.
Un maire qui promet de rendre New York plus sécuritaire tout
en réduisant les impôts
Lors de sa première campagne électorale à la mairie de New York, le candidat démocrate Giuliani avait
promis des miracles aux New Yorkais. Une fois élu, le maire Giuliani semble avoir
tenu ses promesses. Il a réussi à convaincre les employés municipaux,
les commerçants et les simples citoyens que les efforts demandés profiteraient
à tous. Dès la deuxième année de son mandat (1995-96), les dépenses
ont diminué de 4,2 %. Seul le budget de la police a augmenté (de 7
%). Les baisses de taxes (un fait plutôt inhabituel) ont surtout profité
aux commerçants, aux hôteliers et aux petits entrepreneurs, mais le
maire prétend que le dynamisme économique qui en découlera est plus
susceptible de sortir la ville du marasme que l’aide sociale. Pour
la première fois, on voit le crime battre en retraite dans la métropole
de l’Amérique du Nord, et de façon spectaculaire.
Par la suite, le maire Giuliani se fera mondialement connaître en se rendant le 11 septembre 2011 sur les ruines fumantes du World Trade Center, pendant que le président G.W. Bush restait prudemment à l’abri au camp militaire de Bellevue (Nebraska).
Un des meilleurs hebdomadaires italiens d’information, L’Espresso
publie, en 1995, une série de chiffres sur le bilan du maire Giuliani (lui-même
d’origine italienne). Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir
sur les méthodes du maire (courageuses ou un peu trop musclées?),
il faut commencer par examiner les faits, à la lumière de nos connaissances
sur les taux de variation. Il devient alors indéniable, grâce aux
chiffres du tableau 4.2, que la situation a véritablement changé,
quelles qu’en soient les raisons exactes.
On nous dit que les crimes dans le métro sont passés de 11 767 (en
1993) à 9213 (en 1994), soit une baisse de 21,7 %. On peut facilement
vérifier ce chiffre : (9213 – 11 767)/11 767 = –0,217 = –21,7 %.
Pour les autres délits (voir tableau 4.2), la revue publie seulement les dernières
données alors disponibles (1994), et le taux de variation par rapport à l’année précédente
(1993). Toutefois, rien ne nous empêche d’en déduire les données brutes
de 1993 (ces résultats sont inscrits en vert dans le tableau 4.2).
Il y a eu 94 525 vols d’automobiles en 1994, soit une baisse de 15,3 % par rapport à l’année précédente. Combien de vols y a-t-il eu en
1993? Il nous suffit d’utiliser la formule : Valeur initiale =
Valeur finale/Indice de variation. L’indice de variation est
ici 0,847 (soit 1 + [–15,3 %] ou encore 1 – 0,153). La valeur initiale
est de 94 525/0,847 = 111 600. Il y a eu 111 600 vols d’automobiles
en 1992. On peut d’ailleurs le vérifier ainsi : (94 525 – 111 600)/111 600 = –15,3 %. Nous avons utilisé le même procédé pour obtenir les autres valeurs manquantes du tableau 4.2 (inscrites en vert). Vous pouvez essayer de les vérifier par vous-mêmes.
2.3. La croissance cumulée
Nous savons maintenant ajouter un taux de variation et même revenir
au point de départ, mais jusque-là nous nous sommes limités à deux
périodes consécutives. Que se passe-t-il, par exemple si une variable
connaît une croissance annuelle de 10 % pendant 10 années consécutives?
Pour rendre les choses plus intéressantes, supposez que votre vieille
tante vous lègue 100 $ que vous placez à 10 % d’intérêt. Que vaudra
votre héritage dans 10 ans (en supposant que le taux d’intérêt ne
change pas en cours de route et que vous laissiez bien sagement l’argent
à la banque)?
On serait tenté, pour se débarrasser rapidement du problème, de dire
que le capital va doubler : 10 % pendant 10 ans, cela ne fait-il pas
100 %? Mais soyons plus ambitieux dans notre réflexion, la fortune
est à ce prix. La première année, le capital se multiplie par 1,10
(il augmente de 10 %) pour atteindre 110 $. L’année suivante, ce dernier
montant se multiplie à nouveau par 1,10 pour atteindre 121 $ (car
110 $ × 1,10 = 121 $). Ce n’est pas encore un montant colossal, mais
c’est plus que prévu.
En 2 ans, le capital a été multiplié 2 fois par 1,10 :
100 $ × 1,10 × 1,10 = 121 $
En trois ans, le capital serait multiplié 3 fois par 1,10 :
100 $ × (1,10 × 1,10 × 1,10) = 133,10 $
ou encore 100 $ × (1,10)3 = 133,10 $
En 3 ans, la valeur du placement est passée de 100 $ à 133,10 $ : cela
signifie qu’elle a augmenté de 33,1 % en l’espace de 3 ans.
Pourtant, la progression annuelle n’a été que de 10 %, ou,
si l’on préfère, le placement a été multiplié par 1,10 chaque année.
N’oublions pas que multiplier une quantité par 1,10 équivaut à lui
ajouter 10 % (pour ajouter 15 %, on multiplie par 1,15, etc.). En
3 ans, le placement a donc été multiplié par (1,10 × 1,10 × 1,10)
ou par (1,10)3 = 1,331. Trois augmentations successives de
10 % (ou 0,10) se traduisent par une augmentation cumulée de 33,1
% (ou 0,331).
Essayons, par curiosité, d’aller en sens inverse. Partons
du chiffre 1,331 (augmentation totale cumulée sur trois ans)
pour retrouver le chiffre initial de 1,10 (progression annuelle).
Il suffit justement d’effectuer l’opération inverse : (1,331)1/3 = 1,10.
Pour le calcul des exposants, rien de mieux qu’une bonne vieille calculatrice :
c’est pour elle un jeu d’enfant.
Revenons maintenant à notre héritage. Examinons sa valeur après 10
ans et, pourquoi pas, après 30 ans.
Après 10 ans, le capital sera de 100 $ × (1, 10)10 = 100 $
x 2,59 = 259 $.
Après 30 ans, le capital sera de 100 $ × (1,10)30 = 100 $ ×
17,45 = 1745 $. Il aura été multiplié par 17,45 (qui est l’indice de variation
sur 30 ans). Il aura augmenté de 1645 % (qui est le taux de variation sur
la même période, soit l’indice moins un : 17,45 – 1 = 16,45 = 1645/100 = 1645 %). Un capital de 1745 $, ça commence à être une somme
intéressante, à moins que dans 30 ans ce montant corresponde au prix…
d’un paquet de cigarettes.
Une autre erreur à ne pas faire.
Beaucoup de gens seraient prêts à jurer qu’une hausse de 30 % suivie
d’une hausse 20 % donnent une hausse globale de 50 %. Quant à nous,
nous venons de voir que les taux de variation se cumulent. Dans un
premier temps, la valeur de la variable est multipliée par 1,30 (on
y ajoute 30 %) et dans un deuxième temps elle est multipliée par
1,20. En tout, elle est donc multipliée par (1,30 × 1,20) = 1,56, ce
qui correspond à une hausse combinée de 56 % par rapport à la valeur
initiale.
Dans le même ordre d’idées, une hausse de 20 % combinée à une baisse
de 10 % équivaut à une hausse nette de 8 %. En effet, la variable
est successivement multipliée par 1,20 (soit 1 + 20 %) et par 0,90
(soit 1 – 10 %). Le facteur de croissance combiné est de 1,20 × 0,90
= 1,08. Le taux de croissance combiné est de 8 %.
2.4. La croissance moyenne (ou moyenne géométrique)
Selon la Banque Mondiale, la population du Nigéria devait augmenter de
136 % entre 1970 et 2000. Quelle était la croissance annuelle moyenne
de la population?
Comment peut-on estimer l’évolution de la valeur d’une variable
si on ne connaît pas ses taux de variation successifs?
Nous sommes ici en présence du problème inverse de celui que nous
venons de voir (l’héritage de la vieille tante) : nous connaissions
la croissance annuelle et nous devions en déduire la croissance cumulée
après quelques années. Cette fois, nous connaissons la croissance
cumulée en 30 ans et nous devons en déduire la croissance annuelle.
Bien évidemment, comme cette croissance annuelle a pu varier en cours
de route, nous n’obtiendrons qu’un taux de croissance annuelle moyen.
Revenons au Nigéria. La population y fait plus que doubler : elle augmente
de 136 %. Elle est multipliée par 2,36 (1 + 136 % ou 1 + 1, 36) en
l’espace de 30 ans. En moyenne, cela signifie que la population
est multipliée par 1,029 (soit 2,361/30) par an. Le taux
de croissance est de 0,029 (soit 1,029 – 1) ou 2,9 %.
Indice de croissance moyenne = Indice de croissance cumulée
(1/Nombre de périodes)
Dans le cas du Nigéria, le nombre de périodes correspond au nombre
d’années qui se sont écoulées, puisque nous cherchons à évaluer la
croissance annuelle. De la même façon, on pourrait évaluer une croissance
mensuelle moyenne sur 6 mois ou une croissance hebdomadaire moyenne
sur 13 semaines.
Pour illustrer à nouveau comment calculer un taux de croissance moyen,
reprenons un instant les données sur le nombre de francophones au
Canada (voir le tableau 4.1). Le nombre de francophones passe de
4 069 000 à 6 643 000 entre 1951 et 1991. Cela équivaut à une croissance
de 63,3 % ( [6 643 – 4 069]/4069 = 0,633 = 63,3 %) pour cette période
de 40 ans. Le nombre de francophones a donc été multiplié par 1,633 (c’est
l’indice qui correspond au taux de 63,3 %).
L’indice de croissance annuelle moyenne est donc de 1,633 1/40
= 1,012. Le taux correspondant est de 1,2 % (soit 1,012 – 1 = 0,012 = 1,2
%). On peut en déduire que le taux de croissance de la population
francophone du Canada a été en moyenne de 1,2 % par an entre 1941
et 1991. C’est pas mal moins que le Nigéria, et pourtant les « Canadiens
français » étaient encore très prolifiques dans les années 1940 et 1950. (Voir le tableau 4.3.)
EXERCICES 2
1. 1. Sur les bords de la rivière Hudson
En 1995-96, les dépenses de la ville de New York s’élevaient à 2,180
milliards de dollars (une hausse de 7 % par rapport à l’année fiscale
précédente) pour la police et à 2,840 milliards pour les écoles (en
baisse de 7,5 %).
Quelles étaient les dépenses correspondantes pour l’année 1994-95?
2. Télécommunication passive et active
Au début des années 1950, la télévision était cantonnée aux États-Unis
(90 % de tous les téléviseurs dans le monde). Elle s’est vite répandue
dans les autres pays industrialisés, mais ce n’est qu’à partir de
1975 qu’elle a commencé à conquérir l’ensemble de la planète. De 1975
à 1994, le nombre de foyers équipés de téléviseurs a augmenté de 950
% en Asie.
a) Quel est le taux d’augmentation annuelle moyen du nombre de foyers
équipés d’un téléviseur en Asie, entre 1975 et 1994?
b) En vous basant sur les données du tableau 4.4 , comparez
le taux de croissance annuel moyen du nombre de foyers équipés de
téléviseur dans le monde au cours des années 1980 avec celui de la
période 1990-94.
c) En vous basant sur les données du tableau 4.4 , calculez les taux de croissance des abonnements au téléphone fixe et au téléphone mobile entre 2005 et 2014 pour les pays développés et les pays en développement.
d) Même question que la précédente, mais, cette fois-ci, vous devez calculer les taux de croissance annuels moyens.
3. Apogée du microordinateur
Comme on l’a observé dans un chapitre précédent, les ventes totales de microordinateurs (portables inclus) sont passées de 48 millions d’unités en 1994 à 355,2 millions d’unités en 2011, avant de reculer à 341,3 millions en 2012, et à 305,2 millions en 2013.
a) Calculez le taux de croissance annuel moyen du nombre de microordinateurs vendus entre 1994 et 2011.
b) Calculez le taux de décroissance annuel moyen du nombre de microordinateurs vendus entre 2011 et 2013.
3. LES STOCKS ET LES FLUX
Dans tous les exemples énoncés jusqu’ici dans ce chapitre, il était
question de l’évolution de la valeur d’une variable dans le temps.
C’est d’ailleurs pourquoi nous avons intitulé le chapitre « Les
données chronologiques ». Mais avez-vous remarqué que l’on comparait
tantôt des périodes (récolte annuelle de café, budget de la
ville de New York) et tantôt des moments précis (nombre de
téléviseurs en 1994, population du Canada au 1er juillet 1951)?
3.1. Choisir ses mots
Dans le même ordre d’idées, on parlera de l’année (moment)
où les Beatles ont sorti leur premier album et des 8 ans (période)
qu’a duré leur carrière officielle. Lisez la phrase précédente à voix
haute en inversant les mots année et an : vous pourrez
facilement convaincre vos auditeurs que le français n’est pas votre
langue maternelle. Il faut admettre cependant que la langue manque
parfois de précision. Ainsi, le mot heure indique à la fois
la période (je t’ai attendu pendant une heure) et le moment (nous
avions rendez-vous à une heure*).
Le stock mesure la valeur d’une variable à un moment
précis.
Le mot stock est une image qui rappelle le décompte des inventaires
que font les commerces à la fin de l’année. Le berger compte ses moutons,
l’avare compte son or, le châtelain compte ses bouteilles de Château Margaux,
le sergent compte ses soldats, et le Koweït compte ses réserves de
pétrole. Dans tous les cas, il s’agit d’un stock mesuré à un moment
précis.
Le flux mesure la valeur d’une variable pendant une période
de temps.
Le mot flux rappelle le débit d’un cours d’eau ou d’un robinet
(le stock serait alors le réservoir alimenté par ce débit). Le nombre
d’agneaux mis au monde pendant la saison, les dividendes trimestriels,
les emplettes de la journée, le nombre de recrues qui grossissent les rangs
de l’armée chaque année, la production quotidienne de barils de pétrole sont tous des exemples de flux, mesurés sur une période de temps.
3.2. Qu’est-ce qui alimente la population du Québec?
La survie d’un peuple est en bonne partie une question de nombre.
Le Québec ne serait pas si « distinct » aujourd’hui si ses enfants n’avaient
pas été aussi prolifiques pendant les 200 ans qui ont suivi la Conquête
(officialisée en 1763). Pour parler moins poétiquement, le stock
de Québécois ne se serait pas multiplié par 100 sans être alimenté
par un flux considérable de naissances pendant deux siècles.
Depuis les années 1960, la situation s’est cependant modifiée de façon
radicale. Le tableau 4.5 donne des chiffres sur les flux qui alimentent
la population québécoise à l’ère des microfamilles. On y retrouve
2 flux d’entrée : les naissances et l’immigration. Ces flux, qui totalisent
145 000 personnes en 2012-2013, correspondent au robinet d’alimentation.
Ils font augmenter le niveau du réservoir d’habitants. Les 2 flux
de sortie y sont les décès et l’émigration : 74 000 personnes en tout,
qui constituent en quelque sorte le conduit d’évacuation du réservoir.
On nous pardonnera ces comparaisons de mauvais goût entre des êtres
humains et des litres d’eau, en sachant que notre but est avant tout
de bien mettre en évidence les notions de flux et de stock. En fin de compte, le flux
net de l’année 2012-2013 est de +71 000 individus (145 000 entrées moins
74 000 sorties).
Étant donné que les flux nets de population sont de +71 000 individus
au Québec en 2012-2013, il n’est pas étonnant de voir la population (stock)
passer de 8 084 000 habitants au 1er juillet 2012 à 8 155 000 un an plus tard :
l’augmentation du stock est égale aux flux nets.
Stock final = Stock initial + Flux d’entrée – Flux de sortie
Variation des stocks = Stock final – Stock initial
Flux nets = Flux d’entrée – Flux de sortie
Variation des stocks = Flux nets
En pratique, il est long et coûteux de mesurer les stocks. C’est pourquoi
ils ne sont recensés qu’à des moments éloignés : la caisse n’est vérifiée
qu’à la fin de la journée, l’inventaire du magasin n’est effectué
qu’à la fin de l’année, et la population n’est recensée que tous les
5 ou 10 ans. Entretemps, les données sur les flux, beaucoup plus faciles
à obtenir, permettent de se faire une idée des stocks. Et, puisque
la mesure des flux peut être faussée par une série de facteurs
(erreurs, oublis et… tricherie), le recensement périodique des stocks
permet de remettre les pendules à l’heure.
3.3. Dur comme du bois
Dans certains États forestiers américains où les droits de coupe sont
élevés, le bois de construction canadien est vu comme un concurrent
déloyal. Les nombreuses feuilles d’érable dont les producteurs canadiens
décorent leurs lots, par fierté ou par chauvinisme, sont perçues comme
autant de symboles patents de l’invasion étrangère. Mais revenons
à une époque où le bois représentait une des principales exportations
canadiennes et où le drapeau unifolié se montrait encore très discret.
D’après le tableau 4.6, on constate que le Canada produit plus de
bois qu’il n’en consomme : un surplus (ou flux net) de 6017 unités
en 1966. Le commerce extérieur génère un flux net à peu près inverse :
5843 unités sortent du pays. La différence (6017 – 5843 = 174 unités)
fera augmenter le stock de bois de 174 unités au cours de l’année
1966. Ce stock passe en effet de 1308 à 1482 entre le 31 décembre
1965 et le 31 décembre 1966, soit une augmentation de 174.
Ces mêmes résultats peuvent être obtenus en appliquant la formule :
Ces données nous renseignent également sur le taux de rotation des
stocks. On constate que les flux annuels (qui tournent autour de 10
000) sont environ 7 fois supérieurs aux stocks (qui tournent autour
de 1400). On peut en déduire que le bois entreposé se renouvelle 7
fois au cours de l’année et qu’il séjourne en moyenne un peu moins
de deux mois (1/7 d’année) dans les hangars.
EXERCICES 3
1. Des mots bien choisis
Parmi les expressions suivantes, identifiez les flux et les
stocks.
Naissances, solde migratoire, population, nombre de chômeurs, nombre
d’emplois créés, nombre de prisonniers, nombre de personnes condamnées,
nombre d’États membres de l’ONU, nombre de nouveaux États admis à
l’ONU.
2. Le bois unifolié
À l’aide des chiffres du tableau 4.6, vérifiez que la variation des stocks de bois en 1967 correspond bien aux flux nets.
3. Crise et prospérité
a)
Entre 1931 et 1941, la population du Canada est passée de 10,377 millions à 11,507 millions d’habitants. Au cours de cette décennie, les naissances se sont élevées à 2,294 millions, les décès à 1,072 million, tandis que l’immigration atteignait 149 000 et l’émigration 241 000 (source : Statistique Canada, Recensements de la population). Calculez le flux naturel et le flux migratoire pour la décennie. Vérifiez si les flux nets correspondent à l’accroissement de la population pendant cette même période.
b)
Entre 1901 et 1911, le portrait était tout différent. La population du Canada passait de 5,371 millions à 7,207 millions d’habitants. Au cours de cette décennie, les naissances, les décès, l’immigration et l’émigration étaient respectivement de 1,925 million, 900 000, 1,550 million et 740 000. Comme pour la question précédente, calculez le flux naturel et le flux migratoire pour la décennie, et vérifiez si les flux nets correspondent à l’accroissement de la population pendant cette même période.
4. LES VARIATIONS À LONG TERME
Pour conclure ce chapitre, nous verrons comment une représentation
graphique des données chronologiques permet parfois de mieux saisir
leur évolution. Nous chercherons également à bien séparer la tendance
à long terme des variations à court terme. Enfin, nous verrons comment
tricher (et comment ne pas se faire avoir) avec des courbes de données
chronologiques.
4.1. Le retour mythique aux bonnes vieilles traditions
Cela fait longtemps que l’on parle d’un retour en force du mariage
au Québec. On prétend, avec toutes sortes de pseudo-chiffres à l’appui,
qu’après quelques années d’égarement, les jeunes sont enfin revenus
aux « vraies valeurs ». Cependant, dans le domaine des sciences humaines,
il vaut toujours mieux prendre les excès de nostalgie avec une certaine
méfiance. La même réserve s’applique d’ailleurs face aux ennemis du
passé qui croient clouer le bec à toute critique en commençant chaque
affirmation par « de nos jours… ».
Pour notre part, nous avons décidé d’aller y voir de plus près. Alors
des chiffres, s’il vous plait, afin que nous puissions les interpréter
avec toutes les précautions nécessaires. Statistique Canada a longtemps publié
le nombre trimestriel de mariages.
C’est exactement ce qu’il nous fallait pour nous faire une idée de
l’évolution à long terme du phénomène. Comme il s’est écoulé
beaucoup de trimestres pendant la période considérée, nous avons choisi de représenter
les données sous forme de graphique : les trimestres figurent sur l’axe
horizontal et le nombre de mariages sur l’axe vertical. Pour faire
bonne mesure, nous avons ajouté, à titre de comparaison, deux provinces
canadiennes, une grosse et une petite, une moderne et une traditionnelle.
Pour analyser les données à long terme il est souvent utile
(et facile, avec un chiffrier électronique) de les représenter sous
forme de graphique.
La représentation graphique offre l’avantage de faire ressortir de
façon frappante certaines tendances à propos du mariage au Québec.
D’une part, les variations saisonnières sont fortes et très systématiques.
On se marie surtout en été (3e trimestre), un peu moins au 2e et au
4e trimestre et très rarement en hiver (1er trimestre). Sur ce plan, rien n’a changé depuis l’après-guerre. D’autre part, le
nombre de mariages a eu tendance à monter jusqu’au milieu des années
1970 pour diminuer sensiblement par la suite. D’ailleurs, n’est-ce
pas depuis cette inversion de tendance qu’on entend le plus parler
d’un retour du mariage? Il n’y a là rien d’étonnant : on ne peut en
effet regretter que ce qui a disparu.
Pour mieux observer la tendance qui se cache derrière les variations
saisonnières, nous avons calculé une moyenne mobile sur 4 trimestres.
Cela veut dire que nous faisons, pour chaque trimestre, la moyenne
du trimestre en cours avec les trois trimestres précédents. Ainsi,
pour le 4e trimestre 1949, nous faisons la moyenne des 4 trimestres
de 1949. La moyenne mobile est alors de (3 273 + 9 208 + 14 048 +
6 956)/4 = 8371). Pour obtenir la moyenne suivante, nous incorporons
le 1er trimestre 1950 et nous laissons tomber le 1er trimestre 1949
(9 208 + 14 048 + 6 956 + 2 999)/4 = 8302. Chaque moyenne comporte
4 trimestres (soit une année complète) et les influences saisonnières
devraient alors disparaître.
Sur la figure 4.2, on peut voir la moyenne mobile
dont il vient d’être question, pour le 1er trimestre 1950. Pour calculer
la moyenne mobile du trimestre suivant, on avance le « râteau » d’un
cran vers la droite. Soulignons également que la moyenne mobile peut
être utilisée sur des périodes diverses : sur 7 jours, sur 3 mois,
sur 5 ans, etc. Tout dépend du phénomène étudié.
La tendance à long terme.
Avant de tirer des conclusions trop hâtives de la baisse des mariages
depuis le début des années 1970, examinons ce qui peut influencer
la tendance à long terme du mariage. Il y a deux éléments principaux :
d’une part l’évolution démographique (taille de la population, proportion
de jeunes en âge de convoler) et d’autre part l’évolution des mœurs.
Notre intention n’est pas ici d’étudier le sujet à fond, mais simplement
de montrer qu’avec un peu de méthode on est déjà bien armé pour traiter
d’un sujet. La hausse des mariages n’a rien d’étonnant entre 1949
et 1965, compte tenu de la croissance soutenue de la population du
Québec. La poussée de 1965-75 s’explique sûrement en bonne partie
par l’arrivée à maturité des enfants d’après-guerre (les baby-boomers).
Depuis 1975, bien que la population ait continué d’augmenter, il se
peut que la proportion de jeunes se soit réduite. Toutefois, la descente
est trop prononcée et trop systématique pour qu’on puisse l’imputer
à de simples considérations démographiques. Il faut plutôt y voir
un changement dans les comportements : on se marie plus vieux et, même
si certaines personnes se marient maintenant plusieurs fois, on a
plus souvent recours à l’union libre qu’autrefois (voir le tableau 4.7 en ce qui concerne ces hypothèses et, pour le reste, dites-vous
que cela ferait un bon sujet de recherche).
L’évolution des autres.
La Colombie-Britannique a continué à connaître une forte croissance
de sa population après les années 1960. Ce dynamisme, à la fois en
quantité (population plus nombreuse) et en qualité (population plus
jeune), explique en partie la hausse des mariages après le seuil fatidique
du milieu des années 1970. Il est probable aussi que les changements
de mœurs aient été moins prononcés qu’au Québec, puisque la Colombie-Britannique
finit par se rapprocher du Québec (au chapitre du nombre de mariages)
bien que sa population soit environ deux fois moindre.
On remarque enfin que les variations saisonnières étaient moins prononcées,
autrefois, en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve. Cela s’expliquait
sans doute par un climat moins inconstant que celui du Québec. Mais
on constate, au fil des ans, des amplitudes de plus en plus grandes.
Se pourrait-il que pour certains le mariage soit devenu un gros investissement
et un phénomène social? Il faut alors bien choisir sa saison, d’autant
plus que les fiancés qui vivent déjà en concubinage sont moins pressés
qu’autrefois.
4.2. Derrière les mouvements immédiats, la tendance profonde
Les données chronologiques portent naturellement sur des variables
susceptibles d’évoluer à long terme. Mais elles subissent parfois
des influences à court terme. Les mariages, comme on l’a vu, fluctuent
d’une saison à l’autre; l’affluence dans les hôpitaux peut varier
au cours de la semaine; et les hauts et les bas de l’économie, qui
durent parfois plusieurs années influencent par exemple le chômage
ou le commerce extérieur à court terme.
Les corrections saisonnières
Lorsque les variations à court terme sont bien cernées et qu’elles
reviennent de façon régulière et systématique, on a recours aux corrections
saisonnières. En pratique, elles se font souvent sur une échelle annuelle, lorsque les variations à court terme sont semblables d’une année à l’autre.
Certains hôtels réalisent la moitié de leur chiffre d’affaires lors
des vacances de juillet. Septembre marque depuis très longtemps la
rentrée des classes et avril le paiement des impôts. Quant à la saison
de ski, il y a fort à parier qu’elle aura toujours une prédilection
pour l’hiver. Dans tous ces cas, et en supposant que les données sont
mensuelles, on pourrait calculer, d’après l’observation des années
précédentes, une série de douze écarts (un pour chaque mois) équivalents
aux variations purement saisonnières.
La figure 4.3 illustre le principe des variations saisonnières en
ce qui concerne le chômage. On voit sur le graphique que le taux brut
est fortement influencé par les fluctuations saisonnières. De janvier
à avril, le chômage est toujours relativement élevé, avec un sommet
en février (le mois le plus triste de l’hiver?). Entre août et novembre,
le chômage est toujours relativement bas. Le taux de chômage désaisonnalisé
nous permet de voir ce qui se cache derrière le taux brut. Malgré
les apparences (le taux brut descend pendant une bonne partie de l’année),
la situation de l’emploi se détériore sérieusement au cours de l’année
1977, marquée par une récession. On y observe par exemple qu’en mars 1977, le taux de chômage brut a très peu diminué bien que la saison de création d’emplois soit déjà amorcée.
C’est donc signe que le chômage a, en réalité, tendance à augmenter, ce que confirme
le taux de chômage désaisonnalisé.
La moyenne mobile.
Lorsque les variations à court terme surviennent de façon irrégulière
et imprévisible, on peut avoir recours à la moyenne mobile pour déceler
la tendance à long terme derrière les fluctuations à court terme.
Nous avons vu plus haut la moyenne mobile sur 4 trimestres pour les
mariages. Il existe également des moyennes mobiles sur 12 mois (on
fait la moyenne des 12 derniers mois : le mois en cours et les 11 mois
précédents).
Le choix du nombre de périodes utilisées pour calculer la moyenne
mobile dépend de la variable étudiée et de l’usage que l’on veut en
faire.
Les changements de périodicité.
Pour étudier l’évolution à long terme du nombre de mariages, nous
aurions pu nous contenter de données annuelles. Comme les données
trimestrielles dont nous disposons sont des données brutes, il nous
suffit alors d’additionner les 4 trimestres de chaque année.
Lorsque les données sont des rapports, l’opération est un peu plus
compliquée. Supposons que le taux de chômage (chômeurs/personnes
actives) est de 11 % pendant les 4 premiers mois de l’année et de
10 % pendant les 8 mois suivants. On ne peut évidemment pas additionner
les 12 taux de chômage (cela ferait [4 × 11] + [8 × 10] = 44 + 80
= 124 % de chômeurs!). Dans ce cas, on devrait faire une moyenne annuelle.
On obtiendrait : [(4 × 11) + (8 × 10)]/12 = 124/12 = 10,3 %.
Comme on le voit, ces petits calculs ne présentent pas de grandes
difficultés sur le plan mathématique. Ce qui compte, c’est avant tout
de bien les choisir. Souvent, la même variable est publiée avec différentes
périodicités : il est par exemple courant de trouver le nombre de naissances
par mois, par trimestre et par année. Lorsque cela est possible,
choisissez la périodicité qui convient le mieux à votre étude.
4.3. L’échelle semi-logarithmique
Comme nous l’avons vu, les courbes sont un des moyens privilégiés
pour représenter l’évolution des valeurs d’une variable à travers
le temps. Cependant, lorsqu’une série chronologique porte sur une
longue période et que les données tendent à augmenter constamment,
une telle courbe tend à se déformer.
La première courbe de la figure 4.4, qui représente l’évolution de
l’indice des prix au cours du XXe siècle, laisse croire, par exemple,
que l’inflation était beaucoup plus forte dans les années 1980 que
dans les années 1960 (la pente de la courbe est beaucoup plus abrupte).
Mais cette impression est trompeuse, car les prix ont augmenté à peu
près au même rythme dans les décennies 1980 et 1960.
L’échelle logarithmique permet de représenter fidèlement
le rythme de progression d’une variable.
Observez, maintenant la deuxième courbe de la figure 4.4. Cette fois,
l’échelle de l’axe vertical a été ajustée. Avez-vous remarqué que
les marques de graduations 1, 10, 100 sont situées à égale
distance les unes des autres? C’est tout simplement qu’entre chacune
de ces marques, les données progressent au même rythme : elles sont multipliées chaque fois par 10 (la marque suivante serait 1000). Ce genre
d’échelle, appelée semi-logarithmique parce qu’elle ne concerne
qu’un seul des deux axes, permet de représenter fidèlement l’évolution
d’une série chronologique. Grâce à la nouvelle d’échelle, on peut
constater clairement que l’indice des prix a beaucoup fluctué entre
les deux guerres et que la poussée qu’il a subie dans les années 1970
s’est nettement atténuée par la suite.
Il n’est pas très difficile de tracer un graphe à échelle logarithmique,
surtout si on se sert d’un chiffrier électronique. Mais parfois, cela
n’en vaut pas vraiment la peine. Lorsque la période de temps est relativement
courte ou que les données ont tendance à baisser autant qu’à monter,
un bon vieux graphe traditionnel fait très bien l’affaire.
4.4. Quelques précautions à prendre
Pour conclure, nous vous proposons quelques façons de tricher sur
la présentation des données chronologiques. Mais, rassurez-vous, notre
but n’est pas de vous corrompre, mais bien de vous aider à démasquer
les vrais tricheurs (voir la figure 4.5).
a) Évolution à long terme des indices des prix à la consommation depuis 1913 (échelle semi-logarithmique)
b) Évolution à long terme des indices des prix à la consommation depuis 1913 (échelle non logarithmique)
c) Évolution des taux d'inflation annuels depuis 1950.
EXERCICES SUPPLÉMENTAIRES
1. 1. Le bilan de Société de l’assurance automobile du Québec
Complétez le tableau 4.8.
(Note : Les données de 2013 sont fournies à titre de comparaison seulement.)
2. Honnête et… intelligent
a) La coalition au pouvoir, constituée du parti progressiste et du
parti conservateur, propose d’accroître les impôts de 25 % et de les
diminuer ensuite de 20 %. Vous êtes éditorialiste dans un grand journal
et vous êtes tenté de dénoncer publiquement la double mesure gouvernementale…
mais vous ne le ferez pas. Pourquoi?
b) Vous venez d’obtenir deux hausses de salaire consécutives. La
première, de 10 %, souligne votre changement d’ancienneté et la seconde,
de 20 %, est due à la promotion qui a suivi votre dernier éditorial
sur la coalition au pouvoir. En recevant votre chèque de paie, vous
constatez que votre salaire a augmenté de 32 %. Vos collègues, à la moralité
douteuse, vous conseillent de ne pas signaler l’erreur au service
de la comptabilité. Puisque vous êtes honnête et intelligent, quelle
devrait être votre attitude? Pourquoi?
3. Le dollar flotte
a) Sachant que le dollar canadien vaut 0,50 livre, 1,25 florin ou
1000 lires, dites combien valent chacune des devises mentionnées en
dollar canadien (chiffres fictifs)
b) Recherche. Trouvez dans le journal le taux de change (en dollars
canadiens) du dollar américain, du franc français, du yen japonais
et d’une autre devise de votre choix. Calculez le taux de change inverse :
la valeur du dollar canadien en dollars américains, etc.
4. La croissance moyenne
a) Le « Grand bond en avant » coïncide avec le deuxième plan quinquennal
chinois (1958-62). Pendant cette période, la croissance annuelle moyenne
de la production a été de 0,65 %. Quel est le taux de croissance sur
l’ensemble de la période du plan? (Source : La Chine au présent, juin
1996.)
b) En Chine, la population masculine passe de 301,8 millions en 1953
à 581,8 millions en 1990. Durant la même période, la population féminine
passe de 280,8 millions à 548,7 millions. Quel est le taux de croissance
annuel moyen pour les hommes, les femmes et pour l’ensemble de la
population? (Source : Zhongguo tongji nianjian 1994.)
c) Selon les prévisions de la Banque Mondiale, la population du Canada devait augmenter
de 36 % entre 1970 et 2000. Quel était le taux de croissance annuel
moyen prévu entre 1970 et 2000?
5. La revanche des berceaux
À l’aide des chiffres du tableau 4.5 , p. xxx [Évolution de la
population du Québec], calculez pour l’année 1995 les flux nets de
population et la variation du stock. Comparez les deux résultats.
6. Attention au ratio Q
Selon un article du New York Times repris par Courrier international
(13 juin 1996), le ratio Q avoisinerait 1,8. Attention, il ne s’agit
ni du ratio tour de hanche/tour de taille, ni du rapport entre le nombre de
mâles et le nombre de femelles, ni même d’un cousin éloigné du mystérieux point G, mais plus prosaïquement du rapport entre
la valeur des actifs cotés en Bourse et le coût de leur remplacement.
Ce ratio de 1,8 signifie que les actifs sont cotés à 80 % au-dessus de leur prix
de remplacement. Le niveau normal du ratio Q est de 0,7, ce qui signifie
que le marché des actions devrait reculer un jour ou l’autre d’environ
60 %. L’indice Dow Jones pourrait ainsi dégringoler de 5500 à 2500 points. Malgré tout cela, James
Tobin, inventeur du ratio Q, et prix Nobel d’économie, ne semble pas pressé
de vendre ses actions.
a) Parmi tous les chiffres cités, lequel est un taux de variation?
b) Vérifiez le chiffre de 60 % proposé dans le texte en comparant
les deux ratios Q.
c) Vérifiez le même chiffre en comparant les deux indices Dow Jones.
d) Montrez que la prévision de 2500 points pour l’indice Dow Jones
a été calculée à partir des trois données suivantes : le ratio Q actuel,
le ratio Q normal et l’indice Dow Jones actuel.
e) Comment concilier le fait que le cours des actions représente plus
du double de leur valeur normale (ratio de 1,8 contre 0,7 ou indice
de 5500 contre 2500) et qu’en même temps on affirme que le marché
devrait reculer de seulement 60 %?
7. Le compte des terres du Québec
Le texte suivant est extrait des Comptes des terres : région de Chaudière-Appalaches (2014), document publié par l’Institut de la statistique du Québec.
« Dans l’ensemble de la région, les surfaces artificielles ont augmenté d’environ 78 km² entre ~2001 et ~2006. Cette variation représente 15 % de la superficie de ~2001. En contrepartie, les terres agricoles ont perdu à peu près 8 % de leur superficie au cours de cette période, ou environ 256 km², et les milieux humides boisés, environ 6 % ou 55 km². Les autres changements notables concernent les forêts, qui ont eu tendance à « s’enrésiner » : les forêts de conifères et mixtes à couvert fermé ont gagné, respectivement, environ 19 % (410 km²) et 3 % (133 km²), tandis que les forêts de feuillus ont perdu à peu près 12 % (312 km²). [La région de Chaudière-Appalaches possède une superficie totale de 16 130 km².] »
a) Parmi toutes les données que nous avons mises en caractères gras, lesquels représentent des flux, lesquels représentent des stocks et lesquels représentent des taux de variation?
b) À combien s’élève le stock final des forêts de conifères?
c) À combien s’élève le stock final des forêts de feuillus?
d) Quelle est la proportion de forêts de feuillus par rapport à l’ensemble de la région (en 2006)?
8. Le décollage de l’agriculture chinoise
Le tableau 4.9 ci-dessous indique l’évolution de la production agricole
chinoise pendant le demi-siècle qui a suivi la révolution de 1949.
a) Tracez les 3 courbes sur un graphique (à la main ou à l’aide d’un
chiffrier électronique).
b) Calculez la croissance annuelle moyenne pour les périodes 1952-1978
et 1978-1993, pour chacune des variables.
c) Recherche : Quels sont les évènements politiques qui ont marqué
la fin des années 1950 et la fin des années 1970 en Chine? Comment
cela peut-il s’observer sur les courbes?
d) Les variations à court terme et la tendance de fond : Laquelle des
trois variables est la plus instable à court terme? Quelles sont les
conséquences à long terme de l’implantation de la politique de réforme
en 1978?
Sous-questions supplémentaires
e) Tracez une courbe de tendance à long terme (à l’aide de votre chiffrier
électronique).
f) Comparez les données à celles d’un autre pays.
9. Laboratoire : le tourisme progresse toujours
Le tableau 4.10 ci-dessous montre que le nombre de visiteurs internationaux
est en constante progression. Utilisez un chiffrier électronique pour répondre
aux questions suivantes.
a) Calculez le taux de croissance annuel du nombre d’arrivées.
b) Calculez le taux de croissance annuel du nombre d’arrivées en utilisant
une moyenne mobile de 4 ans.
c) Calculez le taux de croissance annuel du nombre d’arrivées en utilisant
une moyenne mobile de 8 ans.
d) Tracez un graphe représentant l’évolution du nombre d’arrivées
au cours des années.
e) Calculez le taux annuel de croissance des recettes.
f) Avancez des hypothèses qui pourraient expliquer pourquoi les recettes
fluctuent beaucoup plus que les arrivées.
g) Rendez-vous sur le site de L'OMT afin d’actualiser les données du tableau.