Vous avez peut-être déjà entendu le gouvernement d’Ottawa claironner
que le Canada est le meilleur pays au monde en matière de « développement
humain ». Pour le prouver, on cite le score attribué par un organisme
des Nations-Unies, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement).
Le Canada s’est classé en tête à plusieurs reprises, devant les États-Unis
et le Japon avec une note dépassant 0,93, alors que le Mexique se retrouvait en milieu de peloton avec une note tournant autour de 0,80, et que le Niger occupait la dernière place avec une note variant de 0,2 à 0,3 (théoriquement, la note maximum est de 1 et la note minimum de 0). Ces scores sont ce qu’on appelle des indices, c’est-à-dire
une manière de représenter de façon chiffrée une combinaison d’indicateurs
représentatifs d’une réalité humaine.
L’usage des indices en sciences humaines est assez répandu, ne serait-ce
que parce qu’ils sont pratiques. Cependant, la manière de construire
certains indices comporte une dose d’arbitraire, car l’être humain
ne se traduit pas facilement en équations, et c’est bien normal!
Voilà quelques bonnes raisons d’étudier ce que sont les indices, et
comment on les construit.
Nous reviendrons plusieurs fois, au cours de ce chapitre, sur l’indice
du développement humain (IDH) des Nations Unies, mais soulignons dès
à présent les points suivants. D’une part, si on calculait l’IDH du
Québec, on obtiendrait le même score que pour le Canada. D’autre part,
on constate que c’est à cause d’un plus faible niveau de scolarisation
que le Japon se fait dépasser par le Canada : voilà qui est surprenant…
et qui vaudra la peine d’être tiré au clair.
Au terme de ce chapitre, vous devriez être en mesure de répondre aux questions suivantes :
Comment peut-on utiliser des indices simples pour faire des comparaisons dans le temps et dans l’espace?
Comment peut-on combiner un ensemble d’indices simples pour en faire des indices synthétiques?
Les indicateurs utilisés pour construire un indice donné ont-ils été choisis de façon objective ou de façon arbitraire?
Quelles sont les limites des indices?
Comment les indices d’inflation permettent-ils de mesurer adéquatement l’évolution de la valeur des choses?
1. QU’EST-CE QU’UN INDICE?
Le développement humain, pour reprendre notre exemple, est un concept
très vaste et multidimensionnel. L’indice du développement humain
(IDH) n’est qu’une tentative de représenter ce concept sous forme
chiffrée. Pour passer du concept à l’indice, il faut d’abord bien
cerner le concept lui-même ainsi que ses dimensions. Selon les Nations-Unies,
le développement humain consiste à « élargir le champ des possibilités
de l’individu ». Pour qu’un individu ait la possibilité de se développer,
il doit donc posséder trois grands atouts : une bonne santé, une instruction
de base et un niveau de vie décent. Il reste à trouver des indicateurs
chiffrés qui reflètent de façon plus concrète ces atouts. Dans le
cas de l’IDH, ces indicateurs pourraient, par exemple, être l’espérance
de vie (santé), le taux d’alphabétisation (instruction) et le revenu
par habitant (niveau de vie). Il ne resterait plus qu’à évaluer l’importance
relative de chacun de 3 indicateurs et de les combiner en un seul
chiffre : l’indice de développement humain.
L’indice est une combinaison d’indicateurs chiffrés qui
représentent les diverses dimensions d’une réalité humaine (ou concept).
Le mot indice a la même origine que le mot index. L’index
est en effet le doigt qui indique, le doigt qui dit
ce qui est important ou significatif. En sciences humaines, l’indice
est la représentation d’un ou plusieurs des éléments les plus significatifs (les indicateurs)
qui reflètent le concept étudié. Les indicateurs doivent être choisis
avec soin : il faut qu’ils soient à la fois représentatifs du concept
et faciles à obtenir.
1.1. Le point de référence
Les indices servent avant tout à faire des comparaisons
dans le temps et dans l’espace.
L’indice permet donc de représenter un concept humain en un seul chiffre.
L’IDH, par exemple, sert à comparer les pays entre eux, l’indice boursier
sert à comparer le cours des actions dans le temps. Même s’il existe
plusieurs sortes d’indices (et la plupart sont d’ailleurs plus simples
que l’IDH), tous les indices ont un point commun : ils servent à faire
des comparaisons.
Contrairement aux données brutes, les indices ne sont pas mesurés
avec des unités absolues (comme le dollar, la tonne, le nombre d’individus,
etc.). Puisque les indices servent à faire des comparaisons, les valeurs qu’ils
prennent doivent s’interpréter par rapport à un point de référence choisi.
(200 x 130,7)/100 = 261,4
Voici un premier exemple du point de référence d’un indice. En 2013,
l’indice des prix à la consommation (base 2002 = 100) est de 122,8
au Canada. Cet indice n’est pas exprimé en dollars. Il indique seulement
le chemin parcouru depuis l’année de référence, qui est ici 2002 et
pour laquelle on a choisi une valeur arbitraire et commode (le chiffre
100). L’indice nous dit simplement que, toutes proportions gardées,
un panier de provisions typique qui coûtait 100 $ en 2002 coûterait
122,8 $ en 2013. On pourrait également dire qu’un panier qui coûtait
200 $ en 2002 coûterait 245,6 $ en 2013 (car 122,8/100 = 245,6/200).
La base est la valeur attribuée au point de référence
de l’indice (par exemple : 2002 = 100).
Dans l’exemple que nous venons de donner, le point de référence de
l’indice est l’année 2002, qui se voit attribuer une valeur de 100.
Cette valeur est appelée la base de l’indice. Toute valeur
supérieure à 100 signifie que les prix ont augmenté et toute valeur
inférieure à 100 indiquerait que les prix ont baissé.
Revenons à l’exemple de l’IDH : quel est le point de référence? En
réalité, il y a ici deux points de référence : le minimum (qui vaut 0)
et le maximum (qui vaut 1). Les valeurs que prend l’indice seront
interprétées en fonction de ces deux points. On pourra dire
notamment que le Canada (avec 0,950, par exemple) est très près du maximum et ne
devance le Japon (0,937) que de très peu. Cet indice un peu particulier
fera l’objet d’une étude plus détaillée dans la section 3 de ce
chapitre.
On remarque que les points de référence sont toujours des chiffres
ronds, ce qui facilite les comparaisons. Le point de référence le
plus courant est 100. Dans le cas de l’IDH, on aurait pu utiliser
une échelle de 0 à 100 (au lieu d’une échelle de 0 à 1). Le Canada
aurait alors obtenu 95 et le Japon 93,7. Ce n’est finalement qu’une
question de présentation.
1.2. Une comparaison dans l’espace
Un indice élémentaire est basé sur un seul indicateur.
De nombreux indices sont basés sur un indicateur unique. On les appelle
les indices élémentaires. Leur but principal est de permettre
des comparaisons commodes entre époques ou endroits différents. Voici
deux exemples d’indices élémentaires : le premier permet de comparer
les niveaux de vie entre les régions de l’Union européenne; grâce au
second, on peut examiner l’évolution de la population de certaines
provinces canadiennes à travers le temps.
Au cours de la décennie 1980, la Grèce, l’Espagne et le Portugal se joignent à l’Europe des Neuf (future Union européenne). Une dizaine d’années plus tard, les disparités entre ces pays et les autres pays membres sont toujours aussi marquées. Le quotidien londonien Financial Times reprend alors les résultats d’une étude de l’organisme statistique de l’Union européenne (Eurostat) sur le niveau de vie moyen dans les régions européennes. Curieusement, les données ne sont pas exprimées en livres, ni en dollar, ni dans une quelconque monnaie européenne, mais en indices.
Pourquoi des indices? Prenons le problème dans son ordre logique.
Le concept à mesurer est le niveau de vie : le PIB (produit intérieur
brut) par habitant semble un indicateur approprié et suffisant. Toutefois,
on ne peut fournir aux lecteurs la simple la liste du PIB par habitant
dans la monnaie de chaque région concernée. Il faut rendre cet indicateur
plus présentable. Tout d’abord, le PIB par habitant est converti
dans une devise commune (le dollar américain). C’est mieux, mais ce n’est pas assez, car d’une année à l’autre le pouvoir d’achat de toute monnaie varie
au gré des prix. En fait, la monnaie, contrairement au mètre ou au
baril de pétrole, est un étalon de mesure variable. Si, au lieu d’exprimer
le PIB par habitant en dollars, on le comparait à une valeur de référence
bien concrète (le PIB par habitant des États-Unis, par exemple), les données seraient
bien plus faciles à comprendre. On pourrait même alors comparer des
situations d’époques très différentes en matière de pouvoir d’achat
et de niveau de richesse.
Les indices du tableau 5.1 peuvent alors se lire ainsi : le PIB par
habitant est presque deux fois plus élevé à Hambourg qu’aux États-Unis
(196 par rapport à 100) et les 7 régions d’Europe les plus riches
dépassent largement la moyenne américaine (pour l’année 1992).
Comment se calcule cet indice élémentaire?
Pour calculer ces indices, les spécialistes d’Eurostat avaient besoin
des données brutes sur chaque région. Ils avaient besoin, par exemple,
de savoir qu’en 1992 le PIB moyen par habitant était de 23 830 $ aux
États-Unis (lieu de référence), de 46 707 $ dans la région de Hambourg
et de 40 273 $ dans la région parisienne. Ils ont ensuite choisi comme
base de l’indice la valeur 100. On peut constater que l’indice est
beaucoup plus explicite que les valeurs en dollars.
Indice du lieu X = (Valeur du lieu X/Valeur du lieu de
référence) × Base
Dans cet exemple, on remarque que l’indice est composé d’un seul indicateur
(c’est un indice élémentaire) et qu’on a choisi un point de référence
dans l’espace (États-Unis = 100).
1.3. Une comparaison dans le temps
Nous venons de voir un indice élémentaire (composé d’un seul indicateur)
basé sur un point de référence dans l’espace. Voyons maintenant un
autre indice élémentaire dans lequel le point de référence est situé
dans le temps (généralement l’année).
La moitié gauche du tableau 5.2 indique la population de certaines
provinces canadiennes depuis 1951. Il s’agit de données brutes : toute
l’information s’y trouve, mais elle ne ressort peut-être pas de manière
frappante. La moitié droite du tableau reprend les mêmes données sous
forme d’indice*. L’année de base est
1951 et la base choisie est égale à 100. Cette fois, la réalité saute
aux yeux. Si le Québec suit relativement bien l’Ontario jusqu’au milieu
des années 1960, il se met par la suite à perdre rapidement du terrain.
Indice à l’année X = (Valeur l’année X/Valeur à l’année
de référence) × Base
Dans cet exemple, on remarque que l’indice est composé d’un seul indicateur
(c’est un indice élémentaire) et qu’on a choisi un point de référence
dans le temps (1951 = 100).
EXERCICES 1
1. L’unité dans la disparité
Le tableau 5.3 représente un indice élémentaire.
a) Quel est le concept étudié? Quel est l’indicateur choisi?
b) Le point de référence de l’indice est-il situé dans le temps ou
dans l’espace? Quelle est la base de l’indice?
c) Question plus avancée : commentez l’évolution du revenu des Québécois
au fil des années. Votre commentaire doit montrer que vous savez comment lire les indices fournis.
a) Complétez le tableau 5.2 en calculant les indices de Terre-Neuve
et de la Colombie-Britannique.
b) Le point de référence de l’indice est-il situé dans le temps ou
dans l’espace? Quelle est la base de l’indice?
2. LES INDICES SYNTHÉTIQUES
Un indice synthétique est basé sur plusieurs indicateurs.
Il combine plusieurs indices élémentaires.
Certains phénomènes humains ne peuvent être représentés par un indicateur
unique. Le coût de la vie dépend du prix d’un grand nombre de produits
différents et ces prix peuvent varier de façon indépendante : un indice
des prix doit tenir compte d’un ensemble représentatif de produits.
À la bourse, certaines actions montent tandis que d’autre baissent,
certaines compagnies pèsent lourd et d’autres non : l’indice boursier
doit tenter de refléter le phénomène dans son ensemble. La fréquence
des accouchements dépend en bonne partie de l’âge de la mère : l’indice
de fécondité doit tenir compte des femmes de tout âge. Tous ces exemples
concernent des indices synthétiques, c’est à dire des indices
combinant plusieurs indices élémentaires.
Au fond, l’indice synthétique n’est que la moyenne pondérée
d’un ensemble d’indices élémentaires. Avant de construire notre premier
indice synthétique, nous devons d’abord régler deux questions : comment
évaluer ces pondérations et comment tenir compte du fait que ces pondérations
peuvent évoluer avec le temps?
2.1. La pondération des indicateurs
Les indicateurs doivent refléter la réalité tout en étant
commodes à obtenir.
Lors de la construction de l’indice synthétique, il faut d’abord savoir
bien choisir les indicateurs. Ces derniers doivent être peu nombreux
(pour des questions de coût et de simplicité) et faciles à obtenir
pour la période, la région ou le domaine étudiés. Par ailleurs, il
est nécessaire d’évaluer l’importance relative de chaque indicateur :
nous l’avons dit, certains pèsent plus lourd que d’autres.
On remarque que chacun des indices synthétiques que nous avons énumérés au début de cette section regroupe des indices élémentaires de même nature. L’indice
des prix, par exemple, est constitué d’une combinaison de prix de
divers produits. Les prix sont tous exprimés dans la même unité (le
dollar) et chacun fait partie d’un tout (le coût total
des dépenses). Dans un tel cas, la pondération de l’élément correspond
à la proportion qu’il représente dans le total : on divise la partie
par le tout. Cette pondération représente l’importance relative de
l’élément dans l’indice synthétique.
L’évaluation des pondérations qu’il faut allouer à chaque
élément de l’indice synthétique dépend des circonstances.
Dans une situation complexe, on est souvent obligé de se contenter
d’un nombre limité d’indices élémentaires pour construire un indice
synthétique. Cela est correct dans la mesure où les indices élémentaires
choisis sont suffisamment représentatifs. Dans un tel cas, les pondérations
ne peuvent être trouvées par un simple calcul de proportion. Il faudra
avoir recours à d’autres méthodes. Une enquête montrera, par exemple,
que le prix du bœuf « pèse » près de 3 fois plus lourd que celui du porc dans
le budget d’un ménage canadien typique (selon l’enquête de 2011).
Enfin, lorsque l’indice synthétique regroupe des indices élémentaires
de nature différente, les pondérations ne peuvent plus résulter d’un
simple calcul. Leur évaluation doit faire l’objet d’un choix éclairé.
C’est le cas pour l’indice du développement humain que nous étudierons
dans la prochaine section. Pour le moment, nous nous en tiendrons
à des cas où les éléments qui composent l’indice synthétique sont
de nature semblable.
2.2. L’effet de structure
Beaucoup d’indices sont basés sur des données chronologiques. Or,
avec le temps, tout peut évoluer, notamment l’importance relative
de chaque élément. L’exemple fictif ci-dessous illustre à la fois
la simplicité de l’indice synthétique et les quelques précautions
à prendre lors de sa construction et de son interprétation. Il s’agit
d’une entreprise qui compte 200 employés : des chercheurs et des techniciens.
Notre objectif final est de construire un indice de salaire moyen
basé sur l’année 1 (colonne 9 du tableau 5.4). Cet indice est synthétique,
car il doit tenir compte de deux indicateurs, qui représentent les catégories
de salariés.
Le salaire moyen des employés est obtenu en faisant la moyenne pondérée
des salaires de chaque catégorie d’emploi à l’année 1. Les chercheurs
gagnent 800 $ (par semaine) et les techniciens 400 $. Les pondérations
reflètent la proportion de chaque catégorie de travailleurs au sien de l’entreprise.
Pondération d’une catégorie = Nombre de travailleurs de la catégorie
/ Nombre total de travailleurs.
Pondération des chercheurs (année 1) = 100/200 = 0,5
Pondération des techniciens (année 2) = 100/200 = 0,5
Salaire moyen (année 1) = (Pondération des chercheurs × Salaire des
chercheurs) + (Pondération des techniciens × Salaire des techniciens)
Salaire moyen (année 1) = (0,5 × 800 $) + (0,5 × 400 $) = 400 $ +
200 $ = 600 $
À l’année 1, il y a autant de chercheurs que de techniciens : le
salaire moyen aurait donc pu être obtenu en faisant une moyenne simple
des deux niveaux de salaire.
Il y a une autre manière de calculer le salaire moyen : il suffit de
diviser la masse salariale totale de l’entreprise par le nombre total
d’employés. La masse salariale est le montant global de salaire versé
à un groupe de travailleurs.
Masse salariale des chercheurs = Salaire des chercheurs × Nombre de chercheurs
Masse salariale des techniciens = Salaire des techniciens × Nombre de techniciens
Masse salariale totale = Masse salariale des chercheurs + Masse salariale des techniciens
Salaire moyen = Masse salariale totale/Nombre total d’employés
Salaire moyen (année 1) = [(800 $ × 100) + (400 $ × 100)]/200 =
(80 000 $ + 40 000 $)/200 = 120 000 $/200 = 600 $
Étrange paradoxe : le salaire moyen diminue alors que chaque
catégorie d’employé voit son salaire augmenter!
Entre l’année 1 et l’année 2, le salaire de chaque catégorie d’emploi
augmente. En effet, celui des chercheurs passe de 800 $ à 900 $ (soit
une augmentation de [900 - 800]/800 = 0,125 = 12,5 %) et celui des
techniciens passe de 400 $ à 440 $ (soit une augmentation de 40/400 = 10 %). Normalement, on devrait s’attendre à ce que le salaire
moyen ait lui aussi augmenté. Pourtant, le salaire moyen (colonne 9 du tableau) passe de
600 $ à 578 $ : il baisse de 3,66 % ([578 - 600]/600 = -22/600
= -3,66 %). Un observateur de mauvaise foi aurait beau jeu d’accuser
l’entreprise d’exploiter sa main-d’œuvre. Quant à nous, il nous faut
tirer les choses au clair.
Entre l’année 1 et l’année 2, il n’y a pas que les salaires qui changent.
La structure d’emploi se modifie également. L’entreprise compte
relativement plus de techniciens (les moins bien payés) et moins de
chercheurs (les mieux payés) à la fin qu’au début. Cet exemple illustre
la difficulté de comparer des moyennes à deux moments différents.
Le poids de chaque élément (les pondérations) peut alors se modifier.
2.3. Des indices élémentaires à l’indice synthétique
Pour contourner le problème du changement de structure, nous construirons
notre indice synthétique à partir des indices élémentaires. Continuons
avec notre exemple des salaires. L’indice synthétique représente le
salaire moyen dans l’entreprise et les indices élémentaires représentent
le salaire de chaque catégorie d’emploi. (Nous utiliserons ici des
indices à base 100.)
Indice élémentaire à l’année N = (Valeur à l’année N/Valeur à l’année
de base) × Base
Indice du salaire des chercheurs à l’année 2 = (900/800) × 100 = 112,5
Indice du salaire des techniciens à l’année 2 = (440/400) × 100 = 110
Pour obtenir l’indice synthétique, nous faisons la moyenne pondérée
des indices élémentaires. Toutefois, nous disposons de deux ensembles de pondérations :
celles de l’année 1 et celles de l’année 2. Il va falloir faire un
choix. Il paraît plus logique d’utiliser les pondérations de
l’année de base et de considérer que la structure n’a pas changé que
de faire l’inverse. Il est en effet difficile d’imaginer que les pondérations
actuelles s’appliquent rétroactivement à la situation initiale. Mais
tout cela n’est qu’une question de convention. Le tricheur choisira
l’une ou l’autre variante de l’indice synthétique pour embellir la
réalité. La personne avisée s’assurera de comparer des choses comparables
et de démasquer les tricheurs.
Indice synthétique = (Pondération 1 × Indice de l’élément
1) + (Pondération 2 × Indice 2) + etc.
Indice synthétique = (Indice élémentaire des chercheurs × Pondération
des chercheurs) + (Indice élémentaire des techniciens × Pondération
des techniciens)
Indice de Laspeyres
Indice synthétique (pondérations de l’année 1) = (112,5 × 0,5) + (110
x 0,5) = 111,25
Indice de Paasche
Indice synthétique (pondérations de l’année 2) = (112,5 × 0,3) + (110 x 0,7 = 33,75 + 77 = 110,75)
Ces deux variantes de l’indice synthétique portent le nom de leur
glorieux inventeur. Dans la grande majorité, des cas, on utilise la
première variante et on se contente de parler d’indice synthétique.
Mais si, en fouillant un jour dans des statistiques, vous rencontrez
ces noms, vous saurez qu’ils ne cachent rien d’effrayant.
Si on constate un léger écart entre les deux indices, on s’aperçoit
néanmoins que les résultats sont réalistes. Sachant que les augmentations
de salaire par catégorie d’emploi varient entre 12,5 % (pour les chercheurs)
et 10 % (pour les techniciens), on s’attend normalement à ce que l’augmentation
du salaire moyen soit comprise entre ces deux extrêmes. Et en effet,
dans le premier cas (indice synthétique basé sur les pondérations
de l’année 1), les salaires augmentent de 11,25 % entre les deux périodes
(l’indice passe de 100 à 111,25) et dans le second cas, ils augmentent
de 10,75 %. De toute façon, ces indices synthétiques nous montrent
bien que l’entreprise en question paie mieux ses employés qu’au point
de départ, même si la masse salariale distribuée a diminué.
2.4. Les sorties au cinéma ne sont plus ce qu’elles étaient
Pour vous permettre de vérifier si vous avez bien compris ce qu’est
un indice synthétique, nous vous proposons un exemple simple et typique.
Le tableau 5.5 illustre l’évolution des prix rattachés à une sortie
au cinéma pour une personne. Comme on peut le voir, il en coûte de
plus en plus cher d’aller voir un film : le billet d’entrée, le ticket
d’autobus et même le cornet de popcorn augmentent, quoique dans des
proportions variables. Notre but ici est de construire un indice des
prix basé sur l’année 1 (à laquelle on attribuera une base de 100).
Les indices élémentaires sont inscrits dans la deuxième partie du
tableau 5.5. À l’année 2, l’indice du prix du billet de cinéma
est de 133,3 (soit [8/6 ] × 100). Les pondérations figurent dans
la troisième partie du tableau. À l’année 2, le billet de cinéma
représente 0,533 du budget total de la sortie (soit 8 $/15 $ = 0,533).
L’indice synthétique pour l’année 2 est calculé de la manière suivante :
(En vérifiant ces calculs, vous constaterez peut-être de légers écarts
à cause de la manière dont les chiffres ont été arrondis.)
Selon l’indice basé sur les pondérations de l’année 1, le prix moyen
d’une sortie au cinéma a augmenté de 50 % (soit [150 - 100]/100
= 50/100 = 0,5 = 50 %). Cela correspond d’ailleurs au taux de variation
de la dépense totale qui passe de 10 $ à 15 $.
Étant donné que nos chiffres ne portent que sur deux années, l’indice basé sur les pondérations de l’année 2 présente peu d’intérêt
ici. Si on devait le calculer, cet indice serait égal à (133,3 × 0,533)
+ (200 × 0,267) + (150 × 0,2) = 71,11 + 53,33 + 30 = 154,44). Par contre, les pondérations de l’année 2 pourraient servir à construire
l’indice d’une éventuelle année 3.
FORMULES : L’INDICE SYNTHÉTIQUE
Indice synthétique = Moyenne pondérée des indices élémentaires
Moyenne pondérée = (Pondération de l’élément 1 × Élément 1) + (Pondération 2 × Élément 2) + etc.
Si chaque élément fait partie d’un même tout, on calcule une pondération ainsi :
Pondération de l’élément 1 = Valeur de l’élément 1/Somme des éléments
Sinon, les pondérations font l’objet d’un choix « éclairé ».
Indice élémentaire à l’année N = (Valeur à l’année N/Valeur à l’année de base) × Base
Exemple : calcul de l’indice synthétique du prix de la sortie au cinéma (tableau 5.5)
Indices élémentaires à l’année 2 :
Indice de l’élément 1 = (8/6) × 100 = 133,3
Indice de l’élément 2 = (4/2) × 100 = 200
Indice de l’élément 3 = (3 /2) × 100 = 150
Pondérations (basées sur l’année de départ) :
Pondération de l’élément 1 = 6/10 = 0,6
Pondération de l’élément 2 = 2/10 = 0,2
Pondération de l’élément 3 = 2/10 = 0,2
À l’aide des chiffres du tableau 5.6, calculez l’indice synthétique
des prix des disques et des cassettes, avec comme base
l’année 1984 = 100. Utilisez les prix moyens pour construire les deux
indices élémentaires, et la valeur des ventes pour calculer les pondérations.
Les autres données du tableau sont purement décoratives.
3. UN CAS TYPIQUE : L’INDICE DU DÉVELOPPEMENT HUMAIN
Nous avons affirmé à plusieurs reprises, dans ce manuel, que les chiffres ne mentent jamais. Ce sont plutôt ceux qui en font un usage abusif, devant un auditoire crédule, qui mentent parfois. L’indice du développement humain
(IDH) mis au point par la Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD) est un bon exemple de donnée chiffrée détournée à des fins politiques, du moins dans les premières années de son existence. Le temps est venu d’examiner comment cet indice est construit, étape indispensable avant une interprétation correcte des chiffres. Aux fins d’analyse, nous travaillerons sur les données de 1992, époque où certains pays (que nous ne nommerons pas) arrangeaient quelque peu les données qu’ils fournissaient au PNUD, afin de mieux briller dans ce classement international. Le lecteur trouvera les derniers IDH sur le site du PNUD.
3.1. L’état de la question
Pour commencer, jetons un coup d’œil sur les résultats du palmarès.
Dans le tableau 5.7, on retrouve les 10 pays qui obtiennent le meilleur
score ainsi qu’une sélection d’autres pays.
Nous avons ajouté au tableau 5.7 quelques autres indices, ainsi que le classement 2012. L’ISDH (indicateur
sexospécifique du développement humain) est une variante de l’IDH
qui tient compte des inégalités entre les sexes. Un pays où la discrimination
sexuelle est plus grande est considéré comme moins développé sur le
plan humain et voit son score diminuer. Nous y reviendrons plus loin.
Le PIB (produit intérieur brut) par habitant est la méthode de classement
des pays la plus courante. Mais le développement humain ne se limite
pas à une simple dimension économique.
Étant donné que chaque PIB est comptabilisé en monnaie nationale,
les données ont été converties en dollars américains en tenant compte
du pouvoir d’achat de chaque devise, et non du taux de change officiel.
Le tout a été ramené en indice, pour lequel les États-Unis servent
de point de référence. On voit que les classements différent selon
la variable choisie : les États-Unis, premiers au chapitre du PIB par
habitant, se voient détrôner par le Canada si on se fie à l’IDH, et
le Canada perd lui-même sa première place si on tient compte de la
discrimination sexuelle.
3.2. La composition de l’IDH
Pour permettre à l’être humain de bien se développer à travers son
travail, ses loisirs, ses activités sociales, culturelles et politiques,
il faut lui donner un minimum d’atouts. Une personne qui n’a pas accès
aux soins médicaux, qui n’a pas la chance de s’instruire et qui
a de la difficulté à satisfaire ses besoins matériels les plus essentiels a
peu de possibilités de se développer. C’est du moins le point de vue
qui a amené le PNUD à identifier trois dimensions du développement
humain : la santé, le niveau d’éducation et le niveau de vie. Nous
avons déjà parlé de ces trois dimensions au début du chapitre. Voyons
maintenant comment traduire ces principes par des données mesurables.
Le tableau 5.8 donne les résultats obtenus par quelques pays.
Indicateur 1 : l’espérance de vie mesure la longévité.
L’espérance de vie à la naissance est un indicateur tout indiqué pour
représenter sous forme de chiffre la possibilité de vivre en bonne
santé et longtemps. Cet indicateur est facile à obtenir pour tous
les pays et reflète de façon éloquente les chances qu’a l’individu
de protéger sa santé.
Le chiffre ainsi obtenu est maintenant transformé en indicateur, en
le mettant sur une échelle de 0 à 1. Le PNUD fixe la valeur maximum
de la longévité humaine à 85 ans (le Japon obtient 79,5)
et la valeur minimum à 25 ans (n’importe quelle société, même primitive, peut atteindre
ce résultat). Un pays
où l’espérance de vie serait de 25 ans se verrait donc attribuer la
note de 0; un pays où l’espérance de vie serait de 85 ans se verrait
attribuer la note de 1.
Indicateur pour un pays = (Valeur du pays – Valeur minimale)/(Valeur maximale – Valeur minimale)
Indicateur d’espérance de vie pour le Mexique = (70,8 – 25)/(85 – 25) = 45,8/60 = 0,76
Indicateur 2 : le taux d’alphabétisation et le taux de scolarisation
indiquent le niveau d’éducation.
Pour l’accès à l’éducation, le PNUD combine deux indicateurs : le taux
d’alphabétisation des adultes (qui reflète l’état de la situation)
et le taux de scolarisation (qui nous dit où on s’en va). La moyenne
entre les deux indicateurs est une moyenne pondérée : le taux d’alphabétisation
compte pour les 2/3 et le taux de scolarisation pour 1/3.
Le taux de scolarisation est également ramené sur une échelle de 0
à 1 (ou 0 à 100 %), le pays ayant obtenu le meilleur score (le Canada)
servant de base. Ainsi, le score de 65 (%) pour le Mexique signifie
que dans ce pays, le taux de scolarisation équivaut à 65 % du taux
canadien. En d’autres mots, le taux de scolarisation est indexé
sur la valeur d’un pays de référence.
Indicateur pour un pays = (2/3 × Taux d’alphabétisation) + (1/3 × Taux de scolarisation)
Indicateur du niveau d’éducation pour le Mexique = (2/3 × 88,6 %) + (1/3 × 65 %) = 81 % = 0,81
Indicateur du niveau d’éducation pour le Mexique = (2 × 88,6 % + 1 × 65 %)/3 = 81 % = 0,81
Indicateur 3 : le PIB par habitant mesure le niveau de vie.
C’est le PIB par habitant qui a été choisi comme indicateur du niveau
de vie. Le PIB représente la valeur de la production annuelle sur
un territoire donné. Par ailleurs, la méthode de calcul choisie pour
évaluer le PIB tient compte de la disparité du coût de la vie d’un
pays à l’autre. Même si le PIB par habitant peut prendre n’importe
quelle valeur positive, le PNUD estime qu’il varie en pratique entre
100 $ (le minimum vital) et 40 000 $ (niveau au-delà duquel la richesse
matérielle n’a plus aucune utilité en matière de développement humain).
Mais ce n’est pas tout. Passé un certain seuil, l’augmentation du
revenu d’un individu apporte de moins en moins de satisfaction. Le
PNUD fixe ce seuil à 5 120 $ US, soit la moyenne mondiale du PIB par
habitant. Jusqu’à ce seuil, chaque dollar est compté à sa pleine valeur,
au-delà du seuil, chaque dollar compte de moins en moins. On voit
ainsi, dans le tableau 5.8, le Niger conserve son score de 820 $,
alors que le score du Canada est ramené de 20 520 $ à 5 359 $. Un
pays qui aurait obtenu le maximum (40 000 $) verrait son score ramené
à 5 448 $*.
Comme les autres indicateurs, le PIB par habitant est ramené sur une
échelle de 0 à 1. Un pays qui aurait un PIB par habitant de 100 $
(le minimum) se verrait attribuer la note de 0; un pays qui aurait
un PIB par habitant de 5 448 $ (le maximum) se verrait attribuer la
note de 1.
Indicateur pour un pays = (Valeur du pays – Valeur minimale)/(Valeur
maximale – Valeur minimale)
Indicateur du niveau de vie pour le Canada = (5 359 – 100)/(5 448 – 100) = 0,98.
Indicateur du niveau de vie pour le Mexique = (5 213 – 100)/(5 448 – 100) = 0,96.
L’IDH représente la moyenne des trois indicateurs
Le PNUD a estimé que chacun des indicateurs avait la même importance
dans l’évaluation du développement humain. Il leur attribue donc
à chacun une pondération de 1/3. Cela revient à faire une moyenne
simple dans laquelle chaque élément est traité en parts égales.
IDH d’un pays = (Indicateur 1 + Indicateur 2 + Indicateur 3)/3
Il est temps d’examiner de plus près l’attitude triomphaliste du gouvernement
canadien de l’époque. Ce dernier prétend en gros que le Canada est le pays où
on vit le mieux au monde, et que cette affirmation est d’autant plus
crédible qu’elle vient d’une source étrangère et sérieuse (ce qui constitue un double sophisme). Pourtant,
le PNUD prend la peine de dire que l’IDH n’est pas une mesure du bien-être
ou du degré de bonheur d’une société. Par ailleurs, il ne faut pas
oublier que nous mesurons ici des phénomènes humains et non la trajectoire
des planètes : le degré de précision n’est pas le même. Ainsi, il est
intéressant de comparer le Japon (IDH de 0,937) à Cuba (0,769), à
la Chine (0,594), au Bangladesh (0,364) et au Niger (0,207). D’ailleurs, le PNUD
divise lui-même les pays en 3 catégories : les pays à développement
humain élevé (IDH de 0,8 et plus), moyen (IDH entre 0,5 et 0,799)
et faible (IDH inférieur à 0,5). Par contre, la différence entre le
Canada et le Japon est si minime qu’elle n’est pas pertinente.
Si on observe de plus près les indicateurs fournis par
chaque pays, on constate des phénomènes pour le moins étonnants. Le
Japon battrait facilement le Canada si son taux de scolarisation dans
l’enseignement supérieur (18 à 24 ans) n’était pas si faible (19,5 % contre 73,4 % pour le Canada). Il serait surprenant que les Japonais
aient un tel retard sur le Canada dans ce domaine. Cela ne signifierait-il
pas plutôt que les Canadiens mettent plus de temps à apprendre que
les studieux confrères Japonais, ou, tout simplement, que les chiffres du Canada sont carrément truqués? D’ailleurs, les taux de scolarisation dans l’enseignement
supérieur des États-Unis (72,9 %), de la France (51,2 %) et du Royaume-Uni
(31,9 %) semblent montrer que les systèmes nord-américains, européens
et japonais ne sont tout simplement pas comparables.
Enfin, le niveau du PIB par habitant est très minimisé dans la formule
de l’IDH : comparez, dans le tableau 5.8, le PIB par habitant et l’indicateur
de PIB qui en est déduit. De plus, si on utilise le taux de change
(et non le pouvoir d’achat) pour faire les comparaisons entre pays,
on constate que le PIB par habitant du Japon dépasse de moitié celui
du Canada. Le coût de la vie étant plus élevé au Japon (à peu près 50 %, également), les deux pays se voient attribuer le même PIB
par habitant. Il n’en demeure pas moins qu’un Japonais qui voyage
au Canada doit trouver la vie bon marché, alors que le Canadien en
visite au Japon, tout champion de l’IDH qu’il est, ne doit pas toujours
se sentir très riche.
3.4. L’ISDH, indice sexospécifique du développement humain
L’ISDH est une sorte d’IDH amélioré. Derrière les moyennes sur lesquelles est construit l’IDH se cachent parfois de profondes inégalités :
entre races, entre sexes, entre classes sociales, etc. Or, 50 personnes
très riches, en bonne santé et diplômées universitaires accompagnées
de 50 personnes très pauvres, malades et sans instruction ne font
pas 100 êtres humains développés. Dans le calcul de l’ISDH, on tient
justement compte d’une des formes d’inégalités la mieux partagée à travers le monde :
celle qui existe entre les sexes. Plus les inégalités
entre sexes seront grandes dans un pays, plus son ISDH sera faible
par rapport à son IDH (à moins que cette inégalité se manifeste au détriment des hommes). À l’opposé, un pays où il n’y aurait pas
d’inégalités obtiendrait le même ISDH que son IDH.
Les indicateurs retenus pour l’ISDH sont sensiblement les mêmes que
pour l’IDH : espérance de vie, taux d’alphabétisation et de scolarisation,
PIB par habitant. Pour mesurer l’inégalité, on tient compte, pour
chaque indicateur, de l’écart entre les hommes et les femmes (voir
tableau 5.9).
La longévité.
En principe, l’espérance de vie des femmes dépasse celle des hommes
de 5 ans. En Suède, l’écart est de 5,7 ans, au Canada de 6,5 et au
Niger de 3,2. La Suède et le Canada améliorent leur score.
Le niveau d’éducation.
Là encore, l’écart est en faveur des femmes pour la Suède alors qu’il
est en défaveur des femmes au Niger. La Suède gagne des points et
le Niger en perd. Le Canada ne bouge pas.
Le niveau de vie.
Étant donné qu’il n’existe pas de PIB par homme ou par femme (alors
qu’il existe une espérance de vie pour chaque sexe), on a choisi d’utiliser
la répartition des revenus du travail entre les sexes pour mesurer
l’inégalité du niveau de vie. Les femmes reçoivent 41,6 % des revenus
du travail en Suède, 39,6 % au Niger et seulement 29,3 % au Canada.
On voit que la Suède est proche de l’égalité à ce chapitre et que
le Canada en est loin. Deux remarques s’imposent ici. D’une part,
la plus faible proportion obtenue par les femmes peut être due à des
salaires plus bas, mais aussi à une plus faible participation au marché
du travail. D’autre part, pour évaluer l’inégalité, il faut comparer
la part du revenu reçu par les femmes à la proportion de ces mêmes
femmes dans la population (qui n’est pas nécessairement de 50 %).
Si au Canada, les femmes représentent près de 51 % de la population,
cette proportion descend jusqu’à 47 % dans certains pays (Corée du
Sud, Inde).
Dans l’ensemble, la Suède et Cuba font bonne figure au chapitre de
l’ISDH, et pourtant le niveau de vie est 5 fois plus élevé en Suède
qu’à Cuba. Cela prouve que l’égalité est avant tout le résultat d’un
choix politique et non une affaire de gros sous. Les autres pays qui
se classent mieux dans l’ISDH que dans l’IDH (les pays à inégalités
faibles) sont, entre autres, le Danemark, la Finlande, la Norvège,
la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, la Malaisie, Sri Lanka et la
Jamaïque. À l’opposé, dans les pays pour lesquels le classement
selon l’ISDH est nettement inférieur à celui de l’IDH (les pays à
inégalités fortes), on retrouve l’Argentine, le Chili, l’Arabie Saoudite,
l’Égypte, l’Algérie, les Pays-Bas, l’Espagne et le… Canada.
EXERCICES 3
1. Sommes-nous les meilleurs?
Cet exercice se rapporte au tableau 5.8 (les composantes de l’IDH).
a) Comment se fait-il que le Japon obtienne le même IDH que les États-Unis
malgré le fait que les Japonais vivent plus vieux que les Américains?
b) À partir des données brutes (partie gauche du tableau 5.8),
calculez les indicateurs d’espérance de vie, de niveau d’éducation
et de PIB et l’IDH pour la France et le Royaume-Uni. Comparez vos
résultats avec les chiffres figurant dans la partie droite du tableau.
2. Derrière l’indice, des principes
a) Quelles sont les trois dimensions du développement humain retenues
dans la construction de l’IDH? Quels sont les indicateurs choisis
pour évaluer ces dimensions?
b) L’IDH est-il un bon indicateur du développement humain? Donnez
le pour et le contre.
4. L’INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION
Nous avons déjà fait connaissance avec l’indice des prix à la consommation
au chapitre précédent. On y voyait (à la figure 4.4) que les
prix avaient baissé au Canada entre les deux guerres et qu’ils n’avaient
cessé d’augmenter depuis. Les changements de prix affectent la valeur
(ou pouvoir d’achat) de la monnaie : nous verrons comment en tenir
compte grâce à l’indice des prix à la consommation (IPC). L’étude
de l’indice des prix à la consommation nous permettra en même temps
de revoir une bonne partie des notions abordées dans ce chapitre. (Les données historiques de l’IPC figurent en annexe de ce manuel.)
4.1. L’IPC est un indice synthétique
Il existe de nombreux prix et tous n’ont pas le même impact sur le niveau
général d’inflation. Une hausse du prix du bœuf a plus de conséquences
qu’une hausse du prix du poisson, car le bœuf pèse 3 fois plus lourd
que le poisson dans le budget d’un consommateur canadien moyen. Statistique
Canada, qui est chargée de la construction de l’IPC, a élaboré un
« panier type » de consommation contenant environ 600 produits représentatifs
des dépenses d’un ménage moyen. Chaque mois, cet organisme relève
en moyenne 60 000 prix. Certains produits voient leur prix relevé
plusieurs fois et en des lieux très différents alors que dans d’autres
cas les prix, plus stables, sont relevés moins souvent. Cela permet
de calculer, pour chaque produit, un indice élémentaire.
L’IPC est un indice synthétique, c’est-à-dire qu’il combine
tous ces indices élémentaires pour donner, en un seul chiffre,
un résumé du niveau des prix. Chacun des produits qui constituent
le panier type se voit attribuer une pondération conforme au
comportement d’un ménage typique. L’indice (élémentaire) du prix des
disques est, par exemple, de 121 en 1994 (base 1986 = 100) et la pondération
des disques (et cassettes) est de 0,35 %. Cela signifie que le prix
des disques a augmenté de 21 % entre 1986 et 1994 et que l’achat de
disques compte pour 0,35 % du budget d’un ménage moyen. Comme on peut s’y attendre, les paniers types évoluent avec le temps, et celui de 2011 a remplacé la rubrique disques et cassettes par la rubrique équipement informatique numérique et dispositifs (avec une pondération de 0,66 %).
Le tableau 5.10 indique les pondérations associées aux principaux groupes
de produits. On y remarque, par exemple, que les Canadiens dépensent deux fois plus pour s’habiller que
pour assouvir certains vices (tabac et alcool). Plutôt
que d’indiquer la pondération de chaque élément du panier (il aurait
fallu plusieurs pages), nous les avons groupés par catégories. La
pondération des dispositifs numériques multifonctionnels (0,11 %, non citée dans le tableau), par exemple, fait partie des 11,26 % alloués au groupe loisirs. La somme des pondérations donne évidemment
100 % (colonne 1).
Le tableau 5.10 contient aussi l’indice des prix pour juin 2014 (colonne
2). Celui des aliments, par exemple, est de 136,4. Cela signifie que
les prix des aliments ont augmenté de 36,4 % depuis l’année de base (qui est 2002).
Dans l’ensemble (dernière ligne du tableau), les prix ont augmenté de 25,9 %
entre 2002 et juin 2014. L’IPC, qui était de 125,9 en juin 2014, représente
la moyenne (pondérée) de tous les indices de la colonne 2.
Aux fins du calcul de l’indice synthétique (l’IPC), les indices de
chaque groupe de produits du tableau 5.10 peuvent être considérés
comme des indices élémentaires. Pour calculer l’IPC, nous avons donc
fait la moyenne pondérée des indices élémentaires (en utilisant les
pondérations de la colonne 1). Ainsi, les aliments contribuent à 16,35 % × 136,4 = 22,3 points de l’IPC de juin 2014 (colonne 3). La somme de la
colonne 3 donne l’IPC de juin 2014, que l’on peut comparer au chiffre officiel
(en bas de la colonne 2). Le léger écart entre les deux chiffres (125,9 pour le chiffre officiel et 125,68 pour notre chiffre calculé) vient
du fait que nous travaillons sur des données arrondies (à une seule
décimale de pourcentage) alors que Statistique Canada dispose de données
plus précises.
Puisque l’IPC représente un indice synthétique, il n’est pas dit que tous les indices élémentaires qui le composent le suivent de près. On remarque sur la figure 5.1, d’une part, que le prix de l’essence est beaucoup plus instable que la moyenne des prix à la consommation et, d’autre part, que ce prix a parfois eu tendance à augmenter plus rapidement que cette moyenne, notamment à partir de l’année 2004. Curieusement, cela n’a pas empêché les Canadiens d’acheter de plus en plus de camionnettes et de camions légers en guise de véhicules de promenade.
À titre de complément au tableau 5.10, précisons que l’essence représentait 4,85 % de la pondération de l’IPC en 2011, contre 5,57 % pour les autres frais associés à l’utilisation de véhicules de tourisme et 7,64 % pour l’achat ou la location de ces mêmes véhicules. En tout, le coût du transport privé comptait donc pour 18,06 % du budget d’un consommateur typique, contre 1,99 % pour le transport public, et 16,35 % pour les aliments (ce dernier chiffre figure dans le tableau 5.10). Comme nous venons de le constater, l’IPC nous livre volontiers toute une richesse d’informations.
4.2. La mise à jour des pondérations
Avis : On recherche le « Canadien moyen ».
Les pondérations de l’IPC reposent sur le panier type d’un ménage
canadien moyen. Mais le Canadien moyen existe-t-il? Est-ce un individu
à moitié français et à moitié anglais? Est-il très catholique, assez
protestant et un peu musulman? Certaines sociétés insistent sur ce
qui unit leurs membres, d’autres sur ce qui les distingue.
Pour contribuer au débat, nous vous proposons de comparer les pondérations
des ménages québécois, pauvres et riches (tableau 5.11 ci-après),
à celles des ménages canadiens moyens (colonne 4 du tableau 5.10, vu précédemment). Nous utiliserons pour cela les pondérations de 1992, que nous comparerons ensuite à celles de 2011.
Les différences sont évidentes, non seulement entre les Québécois
et les Canadiens en général, mais aussi entre les riches et les pauvres.
Les ménages pauvres affectent une plus grande partie de leur budget
à la satisfaction des besoins essentiels (aliments et logement). Ces écarts de pondération ne signifient pas pour autant qu’un groupe de la population subit plus d’inflation que l’autre.
Ces différences entre ménages riches et pauvres tendent par contre
à montrer que les pondérations sont susceptibles de changer avec le
temps, puisqu’elles dépendent largement du niveau de revenu
et que celui-ci évolue sensiblement d’une génération à l’autre.
Le fait que la part consacrée à l’alimentation et au logement diminue d’une génération à l’autre (comparer les colonnes 1 et 4 du tableau 5.10) témoigne d’une augmentation moyenne du niveau de vie à long terme.
C’est
la raison pour laquelle Statistique Canada effectue régulièrement
des enquêtes sur la consommation afin de mettre à jour les pondérations.
Il n’y a d’ailleurs pas que les habitudes de consommation qui font
changer les pondérations de l’IPC. La hausse du prix de l’essence
fera augmenter la pondération correspondante : on ne roulera pas plus,
mais l’essence pèsera plus lourd dans le budget. Raison de plus
pour réviser périodiquement les pondérations.
4.3. L’IPC et le taux d’inflation
Le taux annuel d’inflation n’est autre que le taux annuel de variation
des prix. Pour l’obtenir, il suffit de comparer l’IPC de l’année
qui nous intéresse à celui de l’année précédente. Ainsi, le taux d’inflation
en 1991 sera égal à l’écart entre les IPC de 1991 et de 1990 divisé
par l’IPC de 1990 (voir tableau 5.12).
Taux annuel d’inflation = (IPC de l’année considérée –
IPC de l’année précédente)/IPC de l’année précédente
Exemple : Taux d’inflation en 1991 = (126,2 – 119,5)/119,5 = 0,056 = 5,6 %
On pourrait de la même manière calculer un taux d’inflation sur une
période différente. Le taux d’inflation entre 1990 et 1994 serait
de (130,7 – 119,5)/119,5 = 9,4 %.
Nous nous sommes servis des données de la colonne 1 pour calculer les taux d’inflation qui précèdent, mais nous aurions tout aussi bien pu utiliser les données des colonnes 2 ou 3. L’information contenue dans ces trois colonnes est la même, seul diffère le point de référence (l’année de base).
Lorsque les prix baissent, les calculs restent les mêmes. Cependant,
l’expression « inflation négative » peut sembler un peu étrange. On
pourra alors parler de déflation.
4.4. Le changement de base
Il est facile de modifier l’année de base de l’IPC. C’est d’ailleurs
ce que fait périodiquement Statistique Canada, généralement au moment
où elle met à jour les pondérations. Dans le tableau 5.12 ci-dessus,
nous avons créé un nouvel IPC basé sur l’année 1991 (colonne 2). On
observe que les trois colonnes d’IPC sont proportionnelles. On peut
facilement vérifier ce fait en calculant le taux annuel d’inflation
à partir des deux séries d’IPC : on obtient la même réponse.
IPC (base 1991) de l’année N = IPC (base 1986) de l’année
N/IPC (base 1986) de l’année 1991 × Base
Exemple : IPC (base 1991) de 1994 = 130,7 /126,2 × 100 = 103,6
4.5. La croissance en valeur et la croissance réelle
La croissance réelle mesure la croissance du pouvoir
d’achat d’une somme d’argent.
Entre 1985 et 2013, le salaire minimum passe de 4 $ à 10,15 $ au Québec.
Le taux de croissance semble appréciable : (10,15 – 4)/4 = 6,15/4 = 154 %. Dans le même temps, l’indice des prix à la consommation (IPC base 2002 = 100) passe de 63 à 121,7. Autrement dit, les prix augmentent de : (121,7 – 63)/63 = 93 %. On serait tenté de dire que le pouvoir d’achat a progressé de 61 % (soit 154 - 93), et on aurait tort! Mais comment calcule-t-on au juste le taux de croissance réelle du salaire?
Dans le tableau 5.13, nous avons converti le salaire officiel ou
nominal (colonne 1) en dollars de 2002 (colonne 5) à l’aide
de l’indice des prix à la consommation (colonne 3).
Salaire d’une année particulière en $ de 2002 = Salaire
nominal/IPC (base 2002) × Base
Exemple : Salaire de 2013 en $ de 2002 = 10,15 $/121,7 × 100 = 8,34 $.
Un calcul similaire pourrait être fait pour n’importe quelle année
de base.
Le salaire réel (en pouvoir d’achat) passe donc de 6,35 $ en 1985
à 8,34 $ en 2013 (colonne 5). Le taux de croissance réelle du salaire
est de (8,34 – 6,35)/6,35 = 0,314 = 31,4 % entre 1985 et 2013. Ça peut paraître beaucoup, mais pendant ces 28 ans, le PIB réel par habitant a augmenté de 75 % au Québec (source : Cansim 384-0038). Paradoxalement, le sort des travailleurs les plus modestes s’améliore moins vite que celui de l’ensemble de la population.
Il existe une autre méthode pour calculer le taux de croissance réelle.
Pour cela, il faut utiliser une forme particulière d’indice : ce que
nous avons appelé, au chapitre 4, l’indice de variation.
Reprenons les données du problème pour la période 1985-2013. Le salaire
officiel (ou nominal) augmente de 154 % (il est multiplié par 2,54)
et les prix augmentent de 93 % (ils sont multipliés par 1,93). D’habitude,
lorsqu’on divise le montant d’argent qu’on a en poche par le prix
d’un article, on sait alors combien d’articles on peut acheter. On
agira ici de la même manière : en divisant l’indice de variation du
salaire officiel par l’indice de variation des prix, on obtient l’indice
de variation du pouvoir d’achat : 2,54/1,93 = 1,316. Pour chaque
dollar gagné en 1986, on reçoit maintenant 1,316 dollars, soit une
hausse de 31,6 % (le léger écart entre ce taux et celui du paragraphe précédent est dû au moindre degré de précision utilisé ici).
Indice de variation réelle = Indice de variation nominale
/ Indice de variation des prix
Indice de variation = 1 + Taux de variation
Taux de variation = Indice – 1
2,54/1,93 = 1,316, d’où le taux de variation = 1,316 – 1 = 0,316 = 31,6 %.
Cette méthode possède un autre avantage : on n’a même pas besoin de
connaître le salaire ou l’IPC pour déterminer le taux de croissance
réelle, les taux de variation suffisent.
Cette méthode nous permet de calculer, par exemple, que :
une hausse de salaire (nominal) de 32 % combinée à 10 % d’inflation équivaut à une hausse réelle de 20 % (car 1,32/1,10 = 1,20);
un taux d’intérêt bancaire de 15,5 % combiné à 10 % d’inflation rapporte en réalité 5 % (car 1,155/1,10 = 1,05);
une hausse de 7,2 % de l’aide aux pays en développement combinée à 10 % d’inflation équivaut en pouvoir d’achat à une baisse de 2,5 % (car 1,072/1,10 = 0,975, d’où le taux 0,975 – 1 = –0,025 = –2,5 %).
Cette méthode de calcul du taux de croissance réelle est un peu plus
abstraite que la précédente, mais elle n’a rien de sorcier et elle
peut facilement s’appliquer à de nombreuses situations.
Pour conclure sur l’IPC, soulignons qu’il existe d’autres indices
de prix (des importations, de la production, des biens d’équipement,
des matières premières). Le ménage qui veut évaluer son augmentation
de salaire ou son taux d’hypothèque se basera sur l’indice des prix
à la consommation. L’éleveur de bétail s’intéressera plutôt à l’indice
des prix du grain. Ces indices
de prix sont relativement faciles à obtenir. Ce qui compte, c’est
avant tout d’utiliser l’indice approprié à la situation étudiée.
EXERCICES 4
1. Taux de variation
a) Quel est le taux d’inflation en 1986, 1987 et 1994?
b) Quel est le taux de variation du prix des disques et cassettes
en 1986?
Note : utilisez les indices de prix du tableau 5.12.
2. La croissance réelle
a) Vérifiez les taux de croissance réelle du salaire minimum en 1986,
1987 et 1994 qui apparaissent au tableau 5.13.
b) Calculez le taux de croissance réelle du salaire minimum entre
1988 et 1993.
c) La Banque Nationale du Canada offre un taux d’intérêt de 7 % sur
ses comptes d’épargne en 1986. Quel est le taux d’intérêt réel?
Un Canadien qui songeait à prendre sa retraite en 1995 pourrait constater,
à la lecture du tableau 5.14, que les maisons ne sont pas chères en
Irlande, mais que le coût de la vie y est plus élevé qu’au Mexique.
Pour simplifier les comparaisons, nous vous demandons de convertir
tous les chiffres du tableau en indices, en utilisant comme base la
ville canadienne qui figure dans le tableau.
2. Les disparités en Allemagne après la réunification
Dans le tableau 5.15 ci-dessous, le PIB par tête sert d’indicateur
du niveau de vie dans les différents Länder (provinces, ou
régions) qui forment la République fédérale d’Allemagne.
a) On peut déduire des données du tableau que le PIB total de l’Allemagne
est 3 465 milliards de marks et que le pays compte 81,4 millions d’habitants.
Calculez le PIB par tête pour l’ensemble de l’Allemagne.
b) En prenant comme base le PIB par tête dans l’ensemble de l’Allemagne
(tel que calculé dans la sous-question précédente), calculez l’indice
de PIB pour chacun des Länder allemands.
c) Qu’avez-vous à dire sur les régions marquées d’un astérisque dans
le tableau?
Laboratoire
d) Vérifiez, à l’aide des données du tableau, que le PIB total de
l’Allemagne est bien de 3 465 milliards de marks (conseil : utilisez
un chiffrier électronique).
e) Tracez un diagramme circulaire représentant la répartition de la
population par Land.
f) Dessinez une carte d’Allemagne en représentant l’indice de PIB
par tête par des couleurs plus ou moins foncées.
g) Recherche. Obtenez des données similaires sur un autre pays et
dessinez une carte semblable à celle de la sous-question précédente.
3. Les familles qui ont encore des enfants
Le tableau 5.16 ci-dessous montre comment le revenu des différents
types de familles canadiennes varie avec les années. Aux fins
de l’étude, on n’a considéré que les familles qui ont un ou
plusieurs enfants (il n’existe pas de famille monoparentale sans enfants!), et on n’a pas tenu compte des enfants de 18 ans et plus, ni des familles dont le chef avait 65 ans ou
plus.
a) Calculez l’indice de revenu pour chacune des trois catégories en
prenant 1981 pour année de base (1981 = 100).
b) Calculez, pour les familles biparentales, le taux de variation
annuel en 1982, 1990 et 1991 en utilisant d’abord les chiffres bruts
et en utilisant ensuite les indices.
c) Calculez le taux de croissance total entre 1981 et 1991.
d) Calculez le taux de croissance annuel moyen entre 1981 et 1991.
e) Que pensez-vous de l’affirmation suivante : « En réalité, le revenu
moyen des familles a baissé au cours des années 1980, compte tenu
de l’augmentation du coût de la vie. »
f) Que pensez-vous de l’affirmation suivante : « Au cours de la décennie 2001-2011, ce sont les familles monoparentales, et notamment celles dont le chef de famille est un homme, qui ont connu la plus faible croissance du revenu familial moyen. »
4. L’université : pas gratuit!
L’indice des frais de scolarité universitaires aux États-Unis (base 1980 = 100) était
en 1994 de 360 pour les universités d’État et de 340 pour les universités
privées (source : Fortune, 25 juillet 1995). L’indice des prix à la
consommation de 1994 était quant à lui d’environ 180 (toujours avec
la même base de comparaison).
a) Calculez le taux de croissance des frais entre 1980 et 1994 pour
les deux types d’université.
b) Calculez le taux de croissance annuel moyen des frais entre 1980
et 1994 pour les deux types d’université.
c) Calculez le taux de croissance réel (en tenant compte de
l’inflation) des frais entre 1980 et 1994 pour les deux types d’université.
À titre d’information supplémentaire, les frais de scolarité étaient
en 1995-96 de 20 865 $US pour Harvard (université privée) et de 4 354 $US pour Berkeley (université publique). À Berkeley cependant,
les étudiants en provenance de l’extérieur de la Californie devaient
débourser 12 053 $US. En 2014, les frais de scolarité pour un étudiant de première année étaient de 41 616 $ à Harvard et 16 294 $ à Berkeley.
En juin 2014, l’indice des frais de scolarité aux États-Unis (base 1982-1984 = 100) était de 659,5, contre 238,3 pour l’indice d’ensemble des prix à la consommation. Cela signifie que les prix, en général, avaient augmenté de 138,3 % au cours de ces trois décennies, alors que les frais de scolarité, en particulier, avaient augmenté de 559,5 % (source : Bureau of Labor Statistics)! Si les États-Unis ne bénéficiaient pas d’un puissant exode des cerveaux en leur faveur, on pourrait se demander si une telle situation n’est pas suicidaire pour le pays et sa prospérité future.
5. Commentaire de tableau
Commentez le tableau 5.17.
6. Un IPC pour chacun
L’IPC calculé dans la colonne 3 du tableau 5.10 est basé
sur les pondérations du « Canadien moyen ». En utilisant les pondérations
du tableau 5.11, calculez l’IPC du Québécois pauvre moyen
et du Québécois riche moyen pour la même période. Comparez les résultats.
7. Les pondérations : Québécois et Canadiens, riches et pauvres
Dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses et expliquez
pourquoi. Si nécessaire, faites des hypothèses sur le niveau de vie
ou les types de produits consommés. (Utilisez le tableau 5.10 et
le tableau 5.11)
a) Les ménages québécois pauvres consomment plus de tabac et d’alcool
que les ménages québécois riches.
b) Les Canadiens des provinces anglaises consomment plus de tabac
et d’alcool que les ménages québécois.
c) Les ménages pauvres québécois sont mieux logés que les ménages
canadiens en général.
8. Votre propre indice
Le cabinet genevois Corporate Resources Group a analysé la qualité
de la vie dans 118 métropoles à partir de 42 facteurs tels que la
délinquance, la pollution, les conditions économiques et sociales.
Genève arrive en tête devant Vancouver, Vienne, Toronto, Luxembourg,
Ottawa, Zurich et Montréal. Les pires métropoles sont (en commençant
par la dernière) : Alger, Kiev, Lagos, Moscou, Saint-Pétersbourg, Canton,
Shanghai et Pékin.
a) Que pensez-vous des résultats? Est-ce un signe que le choix des
indicateurs est subjectif? Y a-t-il une seule définition de la qualité
de la vie?
b) Construisez votre propre indice de la qualité de vie : quels indicateurs
retiendriez-vous? Quelle importance respective leur accorderiez-vous?
c) Recherche. Testez votre indice en obtenant des données sur les
différentes villes, quartiers, écoles ou autres lieux de vie.